Coronavirus en OugandaLes écoles rouvrent après presque deux ans de fermeture
Le gouvernement ougandais a mis fin à la plus longue fermeture d’établissements scolaires jamais observée dans le monde.
Quelque 15 millions de jeunes Ougandais ont repris lundi le chemin de l’école. Après presque deux ans de fermeture en raison de la pandémie, les établissements scolaires ont en effet rouvert. Dans la capitale, les élèves se sont amassés aux portes des écoles, fermées depuis mars 2020, saluant leurs professeurs et leurs camarades après 83 semaines d’absence.
«Je suis très heureuse car l’école, mes professeurs, mes amis et mes études me manquaient», confie Nawilah Senkungu, 10 ans, une élève de l’école primaire de Nakasero, à Kampala. Le ministre de l’Education John Muyingo a indiqué que tous les élèves reprendraient les cours une classe au-dessus du niveau où ils avaient arrêté. «Des protocoles très stricts ont été mis en place dans toutes les écoles du pays pour assurer un retour en classe des enfants en toute sécurité», a-t-il indiqué.
«Cela ne doit plus jamais se produire»
Mais pour beaucoup de parents, cette reprise n’a rien d’évident en raison des difficultés économiques créées par la pandémie. Everyln Nyakato, mère célibataire de 42 ans, souligne que payer les frais de scolarité et autres dépenses liées à l’éducation de ses cinq enfants est un défi. «Même avant le début du Covid-19, j’avais du mal à payer les frais de scolarité. Depuis la pandémie, je n’ai pas travaillé car le gouvernement a fermé nos entreprises», explique-t-elle.
John Muyingo a souligné qu’une attention particulière serait portée aux très nombreuses écoles privées pour s’assurer qu’elles ne réclament pas des droits d’inscription supérieurs à ceux pratiqués avant la fermeture.
De nombreuses organisations de défense des droits des enfants ont dénoncé cette fermeture de 83 semaines, la plus longue jamais observée dans le monde, alertant notamment sur les risques de travail forcé ou de mariages d’enfants. «Cela ne doit plus jamais se produire. Nous devons garder les écoles ouvertes pour tous les enfants, partout dans le monde», a affirmé sur Twitter l’Unicef, l’agence des Nations unies pour l’enfance.
L’ONG Save the Children a déploré le retard pris dans le cursus scolaire par les élèves et averti du risque de voir de nombreux enfants ne pas reprendre l’école sans une intervention des autorités en soutien aux enseignants.
A l’école primaire de Nakasero, un quartier central et aisé de la capitale, le directeur adjoint Richard Aburo souligne que les élèves n’ont pas tous vécu de la même manière cette fermeture, ceux des zones rurales ou très populaires ayant été les plus durement touchés. «Combler cet écart prendra du temps», affirme-t-il, ajoutant que dans beaucoup d’endroits, les professeurs ont changé de métier après n’avoir pas été payés pendant tout ce temps.