Salvador: La justice accuse un ex-président d’avoir protégé les auteurs d’un massacre

Publié

SalvadorLa justice accuse un ex-président d’avoir protégé les auteurs d’un massacre

La justice salvadorienne a ordonné l’arrestation d’Alfredo Cristiani. Elle lui reproche d’avoir couvert les militaires auteurs de la tuerie d’El Mozote en 1981, durant la guerre civile.

On ignore où Alfredo Cristiani se trouve actuellement. Il est possible qu’il se trouve à l’étranger.

On ignore où Alfredo Cristiani se trouve actuellement. Il est possible qu’il se trouve à l’étranger.

AFP

La justice salvadorienne a ordonné l’arrestation de l’ex-président Alfredo Cristiani, accusé d’avoir protégé les responsables du massacre il y a 42 ans, pendant la guerre civile, d’un millier de personnes alors aux mains de l’armée, a rapporté samedi une source proche du dossier. Le conflit au Salvador a fait plus de 75’000 morts, sans compter au moins 7000 disparus.

La «détention provisoire» d’Alfredo Cristiani, qui fut à la tête de l’État de 1989 à 1994 et dont on ignore où il se trouve actuellement – il serait à l’étranger –, est requise pour avoir décrété une amnistie après cette tuerie, selon un jugement du tribunal chargé de l’affaire, confirmé par l’avocat Alejandro Díaz, qui représente les proches des victimes.

Cette décision, qui vise également quatre anciens députés, a été rendue par un tribunal de San Francisco Goteran, une ville du nord-est, qui poursuit plusieurs militaires pour le massacre d’El Mozote, considéré comme le plus important perpétré en Amérique latine, pendant la guerre civile de 1980-1992 au Salvador.

«Nous souhaitons poursuivre tous les responsables et, depuis des années, on ne parle que des personnes qui ont fait obstruction. Seulement, nous pensons qu’il y en a d’autres qui sont impliquées (…) et cela devrait vraiment faire l’objet d’une enquête», a ajouté Alejandro Díaz.

Au moins 988, dont 558 enfants, ont été assassinés

D’après la décision de samedi, l’ex-président et les autres accusés ont couvert les responsables présumés de cette tuerie via une loi de 1993 qui a par la suite, en 2016, été abrogée. Celle-ci «garantissait l’impunité pleine et absolue aux auteurs matériels et intellectuels» du massacre d’El Mozote pour lequel la Cour interaméricaine des droits de l’homme a condamné l’État salvadorien le 28 octobre 2012.

Entre le 9 et le 13 décembre 1981, des unités de l’armée salvadorienne dirigées par le bataillon chargé de lutte contre-insurrectionnelle Atlacatl – entraîné par les États-Unis – ont lancé l’«Opération Sauvetage» contre la population du nord-est du département de Morazan.

Le gouvernement du Salvador a établi en 2017 qu’au moins 988 personnes, dont 558 enfants, avaient été assassinées à El Mozote et dans des localités voisines, soupçonnées de collaboration avec la guérilla du Front Farabundo Marti de libération nationale.

Impliqué dans des affaires de corruption

En mars 2022, un autre juge avait ordonné l’arrestation d’Alfredo Cristiani accusé d’avoir participé à la planification de l’assassinat de six prêtres catholiques et de deux de leurs collaborateurs, commis par l’armée en 1989 sur le campus de l’Université centraméricaine. L’ex-chef de l’État de droite, qui avait alors rejeté ces accusations, est en outre impliqué dans des affaires de corruption et, en juin, plusieurs de ses biens ont été confisqués par la justice.

(AFP)

Ton opinion