DiplomatieCrise ukrainienne: Russes et Américains se parlent à Genève
Les chefs de la diplomatie américaine Antony Blinken et russe Sergueï Lavrov se retrouvent vendredi à Genève afin d’apaiser les tensions autour du dossier ukrainien.
Les chefs de la diplomatie américaine et russe se sont donné une poignée d’heures vendredi à Genève pour une ultime tentative de désamorcer la crise ukrainienne, Washington soupçonnant Moscou de vouloir envahir son voisin malgré des menaces de lourdes représailles.
La rencontre entre Sergueï Lavrov et Antony Blinken dans un palace du bord du Léman est le dernier pas de deux d’un intense ballet diplomatique qui avait commencé il y a 11 jours, déjà à Genève, entre leurs adjoints. Ils avaient convenu de continuer à se parler malgré les fortes divergences de vues et la centaine de milliers de soldats russes massés aux frontières de l’Ukraine.
Si la séquence diplomatique du 10 janvier avait duré près de huit heures, le face-à-face Blinken-Lavrov ne devrait pas excéder deux heures. Les deux hommes, négociateurs chevronnés, se connaissent depuis de nombreuses années. Antony Blinken a la réputation d’un calme inébranlable, Sergueï Lavrov est plus sanguin et a le verbe mordant.
«Compréhension mutuelle»
Mais que peuvent-ils se dire? «Nous sommes confrontés à des problèmes complexes et les résoudre prendra du temps. Je ne m’attends pas à ce que nous les réglions à Genève», a dit jeudi à Berlin Antony Blinken, qui table sur une «compréhension mutuelle» et une désescalade côté russe pour apaiser les tensions.
Mercredi, le président Joe Biden a jugé que son homologue Vladimir Poutine «va entrer» en Ukraine et il lui a promis «une réponse rapide, sévère et unie des États-Unis et de nos alliés» si l’armée russe franchit la frontière. Le Kremlin a dénoncé jeudi les remarques «déstabilisatrices», qui pourraient donner des idées «aux têtes brûlées parmi les représentants ukrainiens».
La Russie, qui soutient déjà la rébellion dans l’est du pays qui a fait plus de 13’000 morts depuis 2014, et a annexé la Crimée, nie tout projet d’invasion. Mais le Kremlin insiste sur des garanties écrites pour sa sécurité, y compris sur la promesse que Kiev n’intégrera pas l’Otan et que l’Alliance ne cherche pas à s’étendre dans ce qu’elle considère comme son précarré. Les États-Unis ont déjà opposé une fin de non-recevoir à ces demandes, jugées déraisonnables.