CommentaireGuerre en Ukraine, le jour où la Suisse «russophobe» a été attaquée
Ces deux journées ont été marquées par des attaques intensives de hackers prorusses qui accusent la Suisse de vendre des armes à l’Ukraine. Mais la Suisse n’est pas russophobe.
![Eric Felley](https://media.lematin.ch/4/image/2023/10/25/649be52d-9129-4cd2-ac7f-eff88dafc17d.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C0%2C1430%2C1408&fp-x=0.5&fp-y=0.5&crop=focalpoint&s=c05b8698680dd925ea79774cbcb35ae1)
![Le groupe NoName a lancé une douzaine d’attaques en deux jours sur des sites institutionnels ou serviciels. Le groupe NoName a lancé une douzaine d’attaques en deux jours sur des sites institutionnels ou serviciels.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/02/8fcca255-ec74-403c-8691-f875b3fe3e7a.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=cba68b199b74fa6f7b90c516a2d3a565)
Le groupe NoName a lancé une douzaine d’attaques en deux jours sur des sites institutionnels ou serviciels.
Getty Images/iStockphotoLundi et mardi ont été des journées intenses pour les informaticiens du Parlement, de l’Administration fédérale, de La Poste, de la Police fédérale, des aéroports de Genève, Berne ou Samedao. En tout, les hackers du groupe supposé prorusse NoName se sont attaqués à une douzaine de sites institutionnels ou serviciels en Suisse. Ils disent agir en représailles à la reprise par la Suisse du dixième paquet de sanctions européennes contre la Russie. Ils accusent aussi la Suisse de vendre des armes à l’Ukraine, ce qui est faux.
Minutieusement «bombardée»
Pour la première fois depuis le début du conflit ukrainien, la Suisse est directement et minutieusement «bombardée» par des cyberattaques très bien organisées. Pourquoi maintenant? L’annonce de la vidéoconférence de Volodymyr Zelensky, jeudi au Parlement, n’est sans doute pas étrangère à l’action du groupe de hackers, qui dénoncent une Suisse «russophobe». Pour un peu, ils traiteraient les Suisses de «néonazis», comme les Ukrainiens.
Conflit d’un autre âge
C’est l’ambassade d’Ukraine qui avait fait la demande aux Chambres fédérales d’inviter Volodymyr Zelensky à s’exprimer. Le Parlement aurait-il dû refuser cette ingérence dans la vie politique suisse? L’UDC le pense et a tenté d’annuler sa venue, mais elle n’a pas été suivie par les autres partis. Quoi qu’il en soit, la Suisse n’est pas «russophobe». La grande majorité de sa population refuse cependant d’adopter le point de vue de la Russie dans ce conflit meurtrier d’un autre âge que Vladimir Poutine a déclenché.
Un crève-cœur pour beaucoup
La grande majorité des Suisses aussi a de la peine à comprendre cette nostalgie d’une grandeur passée et ce patriotisme paranoïaque, qui a nourri la construction d’un ennemi ukrainien «néonazi». Résultat, quelque 80’000 réfugiés ont dû être accueillis en Suisse. À la base, on peut dire qu’une bonne partie des Suisses avait plutôt du respect pour la Russie, son histoire, sa culture musicale et littéraire, ses joueurs d’échecs et ses sportifs. La guerre qu’elle a lancée sur le sol européen a ainsi été un crève-cœur pour beaucoup.
Les Suisses ne sont donc pas «russophobes», mais ils ne sont pas devenus «poutinophiles» pour autant.