Football au BrésilUn coach dénonce la «culture de la haine» favorisée par Bolsonaro
Roger Machado, entraîneur de Gremio, explique que le racisme est en hausse dans le football brésilien, à cause du président d’extrême droite.

Roger Machado lors d’une session d’entraînement avec Gremio.
AFPPour Roger Machado, un des seuls entraîneurs noirs brésiliens, le racisme qui mine le football professionnel dans son pays «est dû notamment à la culture de la haine qui sévit depuis plusieurs années au Brésil». Le technicien de Gremio, club de deuxième division brésilienne, est l’un des seuls à dénoncer ce racisme, favorisé selon lui par le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro.
– Pourquoi y a-t-il aussi peu d’entraîneurs noirs dans le championnat brésilien?
– Le football est le reflet de notre société. La représentativité de la population noire dans d’autres secteurs est également très faible pour les postes à responsabilité. Dès que les Noirs essaient de grimper dans la pyramide sociale, il y a des filtres, fruits d’une idéologie selon laquelle nous n’aurions pas de capacités de leadership, essentielles justement pour un entraîneur de football.
– Avez-vous remarqué une recrudescence des problèmes de racisme dans les stades?
– Oui, au même titre que la discrimination dans tous les domaines de la société. Ceux qui pensent perdre leurs privilèges que le racisme structurel leur a octroyé réagissent d’une façon de plus en plus agressive. C’est dû notamment à la culture de la haine qui sévit depuis plusieurs années au Brésil. (...) Les racistes, qui se cachaient auparavant, sont désinhibés par l’attitude du chef de l’Etat (Jair Bolsonaro), ils savent qu’il pense comme eux. Il faut résister! Ce qu’il veut, c’est un retour en arrière, on ne peut pas laisser faire ça (...).
– Est-il possible d’éradiquer le racisme dans le football?
– Pas dans l’immédiat. Mais il faut commencer à en discuter ouvertement. C’est ce qui s’est passé quand les femmes ont décidé d’occuper une nouvelle place dans la société. Les préjugés ont la vie dure, mais pour l’égalité femmes-hommes, on a eu le courage de débattre du sujet. Au Brésil, il faut arrêter de se cacher derrière le mythe de la «démocratie raciale» (...). Malheureusement, la plupart des footballeurs n’ont pas reçu une bonne éducation, parce qu’une éducation pour tous n’est pas la priorité dans notre pays.