PakistanLa Cour suprême invalide l’arrestation de l’ex-Premier ministre Imran Khan
L’interpellation, mardi, de l’ancien chef du gouvernement pakistanais, convoqué devant une autre Cour, a entraîné des violences. Ce jeudi, les juges ont estimé que «tout le processus doit être revu».
La Cour suprême du Pakistan a invalidé, jeudi, l’arrestation de l’ex-Premier ministre Imran Khan, qui avait déclenché des manifestations violentes de ses partisans dans tout le pays. «Votre arrestation est invalide et le processus entier doit être revu», a déclaré Umar Ata Bandial, le président de la Cour suprême, qui examinait un recours déposé par les avocats de l’homme politique contre son arrestation, mardi, dans une affaire de corruption. «Dorénavant, aucune arrestation ne devrait avoir lieu dans les locaux d’un tribunal», a justifié le juge Bandial.
Imran Khan, 70 ans, qui avait été renversé en avril 2022 mais reste populaire et espère revenir rapidement au pouvoir, avait été arrêté alors qu’il répondait à une convocation devant un tribunal dans ce dossier. «J’ai été traité comme un terroriste», a-t-il déclaré devant la Cour, lui qui avait ensuite été placé, mercredi, en détention provisoire.
Symboles militaires attaqués
Point culminant de plusieurs mois de crise politique, qui ont vu l’ancienne star du cricket défier de plus en plus ouvertement la toute-puissante armée, son arrestation a suscité la colère de ses soutiens. Des milliers de partisans de son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), ont manifesté pendant deux jours, incendiant ou endommageant des édifices publics.
Chose rare au Pakistan, ils s’en sont pris à des symboles du pouvoir militaire, accusant l’armée d’avoir contribué à l’éviction d’Imran Khan du pouvoir, ce que celle-ci conteste. Au moins neuf personnes sont mortes dans des incidents liés aux manifestations, violemment réprimées par les forces de sécurité, selon la police et les hôpitaux. Des centaines de policiers ont été blessés et plus de 2000 manifestants arrêtés.
Les autorités ont coupé l’internet mobile, restreint l’accès aux réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou YouTube, et ordonné la fermeture des écoles dans le pays.
L’ONU appelle les forces de sécurité à la retenue
De son côté, jeudi, le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a appelé les forces de sécurité pakistanaises à «la retenue» et demandé aux manifestants de «s’abstenir de toute violence». «La liberté d’expression, le rassemblement pacifique et l’État de droit sont essentiels pour régler les conflits politiques – la force disproportionnée n’a pas sa place», a-t-il tweeté, les arrestations de partisans de l’ancien Premier ministre continuant, après deux jours de violentes manifestations déclenchées par son arrestation. Il «appelle les forces de sécurité à la retenue» et demande que les restrictions sur internet soient «levées». Par ailleurs, a-t-il ajouté, «les manifestants doivent s’abstenir de toute violence».