JO 2022 - Le Team event est-il vraiment crédible?

Premièrement, le Team Event donnera l’occasion à la Suisse de décrocher cette fameuse quinzième médaille, histoire de satisfaire le chef de mission Ralph Stöckli. Et de permettre à toute la délégation helvétique de rentrer au bercail avec le sentiment du devoir accompli. Rien que cet argument devrait suffire à vous convaincre, non?

La Suisse à un titre à défendre dans cette discipline qui faisait son apparition il y a quatre ans en Corée du Sud. Et franchement, les images de communion entre les six athlètes ont fait plaisir à voir. Le ski alpin est un sport individuel mais qui se pratique en équipe.

«C’est une course qui permet de fermer la boucle en beauté et c’est un sentiment particulier de se battre les uns avec les autres pour son pays», illustre parfaitement Wendy «Goldener». A l’image du classement des nations, cette médaille du Team Event a davantage une valeur symbolique. Le métal ne devrait du coup pas être considéré à titre individuel.

Si l’épreuve n’avait pas sa place aux Jeux olympiques, elle serait boycottée par les athlètes. Or ce n’est pas le cas, loin de là! Le Team USA sera emmené par Mikaela Shiffrin, l’Autriche par la révélation des JO Johannes Strolz , la France par Pinturault, Faivre et Worley et l’Italie par Brignone, Bassino ou de Aliprandini. Ce sont de véritables «dreams teams»! Et même sans Odermatt, la Suisse aura fière allure, avec sa valeur sûre Wendy Holdener, Camille Rast ou Justin Murisier, qui n’est pas passé loin de sa première médaille olympique à Pékin.

Le Team Event donne aussi l’occasion à des athlètes de «sauver» leurs JO (Pinturault, Shiffrin) en équipe mais aussi à de plus jeunes éléments, comme par exemple le talent Camille Rast, de s’offrir une première médaille olympique. La perspective de participer au Team Event a incité la skieuse de Vétroz à rester s’entraîner cette semaine en géant sur la neige chinoise pour préparer le show de ce samedi. 

Car le format particulier du Team Event, soit un géant parallèle sur une piste raccourcie à deux autres atouts. Elle propose une épreuve mixte,  ce qui met en évidence les performances des deux genres dans une compétition qui est également attractive pour les téléspectateurs. Le format est court, dynamique et facilement compréhensible (élimination directe) pour les non-initiés.

Vous vous souvenez de Denise Feierabend? Non? Mais oui, c’est cette skieuse, blonde, souriante, très sympathique au demeurant, qui n’a jamais gagné une course en Coupe du monde, ni même aux Jeux mais qui est tout de même, tenez-vous bien, championne olympique. Comment ce n’est pas possible! Si, si, la slalomeuse a une médaille d’or des JO de PyeongChang à la maison, dans un cadre, bien en évidence. Depuis qu’elle est à la retraite, elle la contemple régulièrement, en parle à ses amis, ça lui rappelle de beaux souvenirs d’une carrière marquée aussi par une quatrième place au combiné des Mondiaux de Saint-Moritz en 2017.

Ce jour-là, jour de gloire pour elle en Corée du Sud, l’Obwaldienne, copine de la famille Gisin, avait battu tout de même une Hongroise dans le Team Event avant de laisser sa place. Il avait fallu alors une grande Wendy Holdener, un héroïque Ramon Zenhäusern et un dynamique Daniel Yule pour offrir à la Suisse ce titre si important pour le classement des médailles. À l’heure des récompenses, elle était là Denise, sur la plus haute marche du podium, si heureuse d’être là. Même Didier Cuche, même lui, n’a jamais eu cet honneur aux Jeux!

Alors oui, certains athlètes adorent cet exercice car c’est une compétition par équipe, mais franchement, quelle est sa valeur sachant que tous les meilleurs skieurs ne sont pas au départ? Ou alors Shiffrin ou Pinturault seront là pour sauver leurs JO et repartir qui sait avec une belle médaille d’or, la même que Beat Feuz, Lara Gut-Behrami, Michelle Gisin ou Corinne Suter, Marco Odermatt et Denise Feirabend, bien sûr!

Pour moi, cette épreuve n’a plus sa raison d’être aux Jeux olympiques, ni aux Mondiaux.