Corée du Sud: La bousculade mortelle à Séoul serait due à une grande négligence

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Corée du SudLa bousculade mortelle à Séoul serait due à une grande négligence

L’équipe mandatée pour éclaircir les circonstances du drame survenu au dernier Halloween a établi qu’aucun plan de sécurité suffisant n’avait été conçu par les autorités compétentes. 

La plupart des victimes étaient des jeunes femmes d’une vingtaine d’années.

La plupart des victimes étaient des jeunes femmes d’une vingtaine d’années. 

AFP

La bousculade meurtrière qui a fait plus de 150 morts à Séoul lors de la dernière fête d’Halloween est due à de la négligence et à des défauts de préparation, a conclu vendredi l’enquête de la police sud-coréenne. Les victimes de ce drame survenu le 29 octobre 2022 dans le quartier d’Itaewon, connu pour sa vie nocturne, étaient essentiellement des jeunes fêtards costumés, pour la plupart des femmes d’une vingtaine d’années.

L’équipe spéciale en charge de l’enquête, qui a passé des mois à rassembler des preuves et à interroger les autorités concernées, a conclu qu’il y avait eu d’énormes défaillances, tant au niveau de l’organisation que de la réaction sur le terrain. «Les organisations qui sont légalement tenues de prévenir et de gérer les catastrophes – la police, les bureaux des districts de Séoul et l’entreprise publique Seoul Metro – n’ont pris aucune mesure de sécurité à l’avance ou leurs plans étaient insuffisants», a déclaré à la presse le chef de l’équipe, Sohn Jae-han.  «Aucune mesure appropriée n’a été prise même après avoir reçu les appels d’urgence» le jour de la catastrophe, a-t-il insisté, ajoutant que le manque de coopération entre les autorités compétentes et les lenteurs de communication avaient contribué à alourdir le bilan.

De leur côté, les collectifs réunissant les familles de victimes ont déclaré qu’ils n’étaient pas satisfaits des résultats de l’enquête. Lee Jong-chul, en charge de l’un de ces collectifs, a jugé qu’il était impossible pour la police de mener une enquête avec impartialité sur ses propres agents. Il plaide pour l’ouverture d’une enquête totalement indépendante. «Je n’ai jamais eu confiance dans le travail mené par l’équipe spéciale en charge d’enquêter sur le drame d’Itaewon», a-t-il confié aux médias locaux. En outre, M. Jong-chul a déclaré à l’agence de presse sud-coréenne Yonhap qu’il était décevant – mais prévisible – que de hauts responsables, tels que le ministre de l’Intérieur et le maire de Séoul, n’aient pas fait l’objet d’une enquête.

Quelques heures avant le drame

Selon le chef de l’équipe d’investigation, le quartier d’Itaewon est devenu très fréquenté le jour du drame dès 17h, quelques heures avant que la catastrophe ne survienne. La densité d’individus a atteint un seuil critique vers 21h, appelé «phénomène liquide», lorsque les personnes sont obligées d’avancer ensemble, la foule se mouvant comme un liquide, a-t-il ajouté. En dépit de la situation, les autorités ne sont pas intervenues.

La première chute a eu lieu vers 22h15, a ensuite déclaré le porte-parole de l’équipe en charge de l’enquête, Kim Dong-wook, ajoutant que quatre autres individus sont tombés au sol au cours des quinze secondes suivantes, déclenchant la bousculade. «Sans avoir de recul sur la situation, les personnes situées en haut de la rue ont continué à pousser vers le bas pendant dix minutes, jusqu’à 22h25, provoquant l’empilement de centaines de corps, piégés et écrasés sur plus de dix mètres», a précisé M. Dong-wook.

Six personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête dont Lee Im-jae, l’ancien commissaire de police de Yongsan qui couvre le quartier d’Itaewon, et Park Hee-young, le chef du district de Yongsan. Tous deux sont en détention pour négligence professionnelle ayant entraîné la mort d’autrui. En décembre, un adolescent ayant survécu au drame a été retrouvé mort par suicide apparent. Les autorités ont décidé de le compter comme une victime du désastre, portant le nombre de victimes à 159.

Aucun membre du gouvernement tenu pour responsable

L’équipe d’enquêteurs s’est toutefois gardée de nommer des responsables au sein du gouvernement ou de la police, arguant qu’il était «difficile de conclure à un manquement au devoir». Le ministre de l’Intérieur a été vivement critiqué à la suite de la tragédie, certains appelant à sa démission après qu’il a affirmé que la mobilisation de davantage de pompiers et policiers n’aurait pas empêché le drame. Il s’est depuis excusé à de nombreuses reprises, notamment auprès des familles des victimes la semaine dernière, mais n’a pas présenté sa démission.

La transformation rapide de la Corée du Sud, d’une nation pauvre déchirée par la guerre à la quatrième économie d’Asie au rayonnement culturel mondial, reste une fierté nationale. Mais une série de catastrophes qui auraient pu être évitées – telles que le drame d’Itaewon et le naufrage du ferry Sewol en 2014 dans lequel 304 personnes ont péri – ont ébranlé la confiance de la population envers leurs autorités.

(AFP)

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