-Frappes et chars à Rafah -L’Algérie prépare une résolution à l’ONU contre le «massacre» à Rafah -Manifestation à Paris -Washington maintient son soutien à Israël

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Proche-OrientBombardements à Rafah, projet de résolution à l’ONU

Des frappes israéliennes étaient en cours mercredi à Rafah tandis que l’Algérie prépare un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU.

Des Palestiniens fuyant Rafah arrivent à Khan Yunis, le 28 mai 2024.

Des Palestiniens fuyant Rafah arrivent à Khan Yunis, le 28 mai 2024.

AFP

L’armée israélienne bombarde mercredi Rafah, grande ville du sud de la bande de Gaza où elle a déployé ses chars, tandis qu’à l’ONU un projet de résolution se prépare pour tenter «d’arrêter» les violences sur place après un bombardement qui a suscité une vague mondiale d’indignation.

Aux premières heures mercredi, une équipe de l’AFP a fait état de frappes sur Rafah et des témoins ont vu des chars israéliens dans différents secteurs de cette ville, devenue le nouveau point de mire de la guerre entre Israël et le Hamas. «Les gens restent pour l’instant dans leurs maisons car quiconque bouge est visé par des tirs de drones israéliens», a affirmé à l’AFP un habitant de Rafah, Abdel Khatib.

La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé mardi la mort de 21 personnes dans une frappe israélienne sur un camp de déplacés dans le sud du territoire palestinien, deux jours après un bombardement similaire à Rafah qui a provoqué une indignation internationale.

Et après bientôt huit mois d’une guerre dévastatrice, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni à huis clos, à la demande de l’Algérie, pour discuter du bombardement israélien dimanche sur un camp de déplacés de Rafah qui avait fait 45 morts et 249 blessés selon le ministère de la Santé de l’administration du Hamas.

«Arrêter le massacre»

La Défense civile palestinienne avait fait état de nombreux corps «carbonisés» dans l’incendie qui a ravagé le camp et qui a entraîné mardi soir à Paris une deuxième manifestation consécutive pour la fin de frappes à Rafah.  L’armée israélienne, qui a dit avoir diligenté une enquête interne, a affirmé mardi que ses munitions utilisées dimanche dans la frappe ne pouvaient pas avoir «à elles seules» provoqué l’incendie

L’Algérie prépare dès à présent un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU concernant Rafah, a annoncé mardi son ambassadeur, Amar Bendjama, à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil. «Ce sera un texte court, un texte clair, pour arrêter le massacre à Rafah», a-t-il déclaré à la presse alors que le Conseil doit se réunir mercredi pour sa rencontre mensuelle à propos de la situation dans les Territoires palestiniens.

«Nous espérons que ça pourra être fait aussi vite que possible parce que des vies sont en jeu», a commenté l’ambassadeur chinois Fu Cong, espérant un vote dès cette semaine sur la résolution que prépare l’Algérie. «Il est grand temps que ce Conseil agisse et adopte une nouvelle résolution», avait plaidé de son côté avant le début de la réunion l’ambassadeur français Nicolas de Rivière, mettant lui aussi en avant une «question de vie ou de mort».

Les États-Unis «ne ferment pas les yeux»

Les États-Unis «ne ferment pas les yeux» sur les victimes à Rafah mais maintiennent leur soutien à Israël, a assuré mardi un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby, alors que la presse s’interroge sur la «ligne rouge» de Washington dans ce conflit.

Le président Joe Biden a répété ces dernières semaines son opposition à une offensive terrestre de grande envergure à Rafah, ville qu’environ un million de personnes ont déjà fui, selon l’ONU, depuis le début de l’opération au sol de l’armée israélienne il y a trois semaines. Or la Maison-Blanche ne voit toujours pas d’«opération terrestre majeure» contre Rafah, a indiqué mardi John Kirby. Par conséquent, il n’y a «pas de changement de la politique» américaine de soutien à Israël, a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, l’Espagne, la Norvège et l’Irlande ont reconnu officiellement mardi l’État de Palestine, provoquant la fureur d’Israël qui y voit une «récompense» au Hamas pour son attaque du 7 octobre. 

Ce jour-là, des commandos du mouvement islamiste palestinien infiltrés depuis la bande de Gaza ont attaqué le sud d’Israël, entraînant la mort de plus de 1189 personnes, majoritairement des civils, selon un nouveau décompte réalisé mardi par l’AFP à partir des derniers chiffres officiels disponibles. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l’armée israélienne.

Pourparlers

En représailles, Israël a promis d’anéantir le Hamas et lancé une offensive qui a fait au moins 36’096 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé de l’administration du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Le Jihad islamique, second mouvement islamiste armé de Gaza et allié du Hamas, a diffusé mardi la vidéo d’un otage, identifié par les médias israéliens comme étant Sacha Trupanov, un Israélo-russe de 28 ans. Cette vidéo «est une preuve supplémentaire que le gouvernement israélien doit donner un mandat clair à l’équipe de négociation, qui pourra aboutir à un accord pour le retour de tous les otages», a soutenu le Forum des familles d’otages en Israël.

Le Qatar, les États-Unis et l’Égypte sont engagés depuis des mois dans des pourparlers visant à obtenir une trêve durable à Gaza, assortie à une libération des otages.  Un média proche des services de renseignement égyptiens a indiqué mardi que l’Égypte «intensifie les efforts» en vue d’une reprise de ces pourparlers visant aussi à accroître l’aide humanitaire à Gaza.

L’offensive israélienne sur Rafah, qui vise selon l’armée à y éliminer les derniers bataillons du Hamas, a entraîné la fermeture du passage frontalier avec l’Égypte, vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire.  Résultat, «toutes les évacuations médicales ont brusquement cessé», a déclaré mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Et la livraison d’aide via la jetée temporaire construite par les États-Unis a été suspendue après avoir été endommagée par les conditions météorologiques, selon le ministère américain de la Défense.

Mohammed Khader, un Palestinien, a lui quitté Rafah mardi pour arriver à Deir al-Barah (centre) en traînant ses affaires sur une charette aux pneus mous: «nous sommes déplacés comme le reste de la population, après avoir survécu aux bombardements et aux chars. Que devons-nous faire maintenant?»

(AFP)

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