France: Les pro et les anti-corrida sont descendus dans la rue

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FranceLes pro et les anti-corrida sont descendus dans la rue

Samedi, la corrida divisait dans les rues de France, alors que l’Assemblée nationale va se pencher sur son abolition, jeudi.

La corrida divise en France.

La corrida divise en France.

AFP

«Oui à la corrida» contre «Corrida basta»: défenseurs et adversaires de la tauromachie se sont mobilisés, samedi à travers la France, avant un vote de l’Assemblée nationale sur une proposition de loi visant à abolir cette pratique.

De Dax à Béziers en passant par Auch ou Bayonne, villes de tradition taurine, les partisans de la corrida, soutenus par de nombreux élus de tous bords, se sont fait entendre pour défendre leur «patrimoine» et leur «richesse culturelle» face à la proposition de loi portée par Aymeric Caron, député de Paris du parti Révolution écologique pour le vivant (REV) affilié à LFI. Son examen est prévu jeudi dans l’hémicycle après son rejet mercredi en commission.

«Personne n’oblige personne à aller voir une corrida»

Sous des parapluies collés d’affichettes «#OUI à la corrida», 800 personnes selon la police, 1500 selon les organisateurs ont marché de la mairie de Dax à la sous-préfecture pour y déposer une motion, commune aux villes taurines, adressée au président de la République.

«Il n’y a pas une façon de vivre à Paris qui doit s’imposer partout. La France est une mosaïque de cultures qui doivent être respectées», a déclaré le sénateur Éric Kerrouche (PS) devant des peñas (associations taurines) locales. «Personne n’oblige personne à aller voir une corrida», a ajouté Lionel Pinsolle, président du Cercle taurin de Tyrosse, pour qui après la tauromachie, «ils vont vouloir s’attaquer à la chasse, à la pêche, au gavage (des canards à foie gras, ndlr)».

«Totalitarisme animaliste»

«Stop au totalitarisme animaliste», disait une pancarte dans la foule. À Mont-de-Marsan, où environ 300 personnes étaient réunies, le maire du village landais de Saint-Perdon (1700 habitants) Jean-Louis Darrieutort a expliqué que «la corrida entretient un vrai lien social, intergénérationnel dans les villages».

«Je suis née dans les arènes, j’ai toujours été dans les arènes, et c’est un mode de vie. On a besoin de ça. On a besoin aussi d’être solidaires. Nous sommes une région où nous sommes très proches les uns des autres et défendre nos traditions, c’est plus important, je pense, pour nous», a abondé Céline, secrétaire de 50 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

À Auch (Gers), ils étaient 250 devant la statue de d’Artagnan, dont les députés Jean-René Cazeneuve (Renaissance) et David Taupiac (PS). Présent dans le rassemblement à Bayonne, avec quelque 350 aficionados, le torero français Julien Lescarret a dénoncé «un obscurantisme des extrêmes» et lancé un cinglant «Foutez-nous la paix!» sous les hourras.

Aymeric Caron a cristallisé les mécontentements: «député parisien bobo désintéressé de nos identités locales» pour le maire de Dax Julien Dubois, ou «grand défenseur des moustiques et des rats» pour Bernard Mula, président des clubs taurins du Biterrois, présent à Béziers.

«Fuck la corrida»

Des manifestations d’opposants étaient également annoncées ce week-end dans une quarantaine de villes. Dans plusieurs d’entre elles, des opposants à la corrida ont recréé un spectacle lié à la mort pour dire, comme à Lyon, où ils étaient une cinquantaine selon la préfecture, qu’»on ne peut pas s’amuser autour d’une tombe».

À Paris, devant près de 200 militants d’une dizaine d’associations et partis animalistes, quatre militants porteurs de cornes, accroupis et tête baissée, ont encadré une jeune femme déguisée en torero et porteuse de vraies banderilles. À Montpellier, une vingtaine de membres du Comité radical anti-corrida (CRAC) ont installé une scène de crime, cernée de ruban jaune, avec au sol du faux sang, des harpons, des banderilles et trois faux sacs de cadavres.

(AFP)

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