FranceUne députée veut censurer un tableau d’une artiste suisse
Une œuvre controversée de Miriam Cahn continue de faire des remous. Le sujet s’est invité à l’Assemblée nationale française.
L’œuvre «Fuck abstraction» de Miriam Cahn, à caractère pédopornographique pour les uns, symbole de la liberté d’expression pour les autres, fait polémique au musée du Palais de Tokyo à Paris où elle est exposée.
Cette œuvre de l’artiste suisse représente une personne aux mains liées, contrainte à une fellation. Pour certains, comme l’association Juristes pour l’enfance, il s’agit d’un enfant. La peinture fait l’objet d’une pétition en ligne demandant son retrait, qui a récolté à ce jour quelque 8500 signatures.
«Ce ne sont pas des enfants. Ce tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l’humanité», selon l’artiste citée dans un communiqué du musée parisien.
Mardi, la députée Rassemblement national (RN) Caroline Parmentier a interpellé à l’Assemblée la ministre de la Culture Rima Abdul Malak au sujet du tableau controversé. Elle a demandé son décrochage. «Ce tableau représente un enfant, à genoux, ligoté les mains dans le dos, forcé à une fellation par un adulte. Rien ne justifie l’exposition d’une telle œuvre, pas même le prétexte de la dénonciation de crimes de guerre», a-t-elle estimé.
Un «coup de com»
La ministre française de la Culture a répondu en demandant d’abord de ne pas tout «mélanger», réaffirmant le «combat pour la protection de l’enfance et contre toutes les formes de violence».
«Vous êtes allée faire votre coup de com› et filmer ce tableau, mais avez-vous vu l’ensemble de l’exposition? Avez-vous échangé avec les médiateurs? Avez-vous lu les explications? Parce qu’on ne peut pas sortir une œuvre de son contexte», a-t-elle poursuivi, citant les propos de l’artiste elle-même.
Dans la foulée, l’Observatoire de la liberté de création publiait un communiqué soutenant l’artiste: «Les artistes doivent pouvoir dénoncer ces crimes en pleine liberté. Comme le disait George Sand à propos de la littérature, «L’écrivain n’est qu’un miroir qui reflète, une machine qui décalque, et qui n’a rien à se faire pardonner si ses empreintes sont exactes, si son reflet est fidèle». Il en va de même pour la peinture, et ce débat qui a traversé déjà deux siècles a toujours conclu à la déconsidération des censeurs».
Le 7 mars, le Palais de Tokyo s’était dit «conscient» que la démarche artistique de l’artiste peut «générer des malentendus» et annonçait renforcer son dispositif de médiation.