Jura bernois - A Moutier, on se vole dans les plumes pour un poulailler

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Jura bernoisA Moutier, on se vole dans les plumes pour un poulailler

Lematin.ch a suivi une inspectrice de la protection animale dans deux poulaillers, celui d’un privé dont c’est le hobby et celui d’un paysan dont c’est le métier.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Pour un poulailler au bord des rails, on se vole dans les plumes à Moutier. Mardi dernier, en présence du matin.ch, le propriétaire des poules s’est disputé avec une inspectrice de la protection animale. Cette dernière relaie les critiques répétées du voisinage: perchoir inadéquat, litière insuffisance, auvent inexistant. Mais le détenteur balaie les critiques: «Tout est aux normes», riposte-t-il après un contrôle vétérinaire qui a validé son installation.

L’inspectrice l’admet volontiers: elle peine à se faire entendre à Berne par l’Office des affaires vétérinaires. Ses critiques ne sont plus relayées par la Société de protection des animaux Biel/Bienne – Seeland - Jura bernois basée à Orpond (BE), mais par l’Association jurassienne de protection des animaux basée à Glovelier (JU).

Hobby gratifiant

Dans ce combat de coqs, l’anonymat est souhaité des deux côtés. L’inspectrice C. T. reproche au propriétaire M. Q. son manque de réactivité, lui qui a reçu les fiches thématiques de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires. «Détenir quelques poules pondeuses chez soi est un hobby gratifiant mais c’est aussi une grande responsabilité», est-il écrit en préambule.

«Installez un perchoir horizontal!» intime l’inspectrice. «Si je fais, les poules vont se béqueter», riposte le propriétaire. Mardi, lematin.ch est tombé nez à nez avec une poule évadée sur un sentier pédestre. «Ça lui arrive de temps en temps», a expliqué le propriétaire, lequel semble ignorer que «les poules doivent être protégées des prédateurs».

Depuis l’enfance

«Depuis l’enfance, j’ai toujours vécu avec des poules. Si j’en détiens, c’est pour les œufs et pour le plaisir des enfants», plaide le propriétaire. Lassé par les reproches du voisinage. M. Q. dénigre le discours de l’inspectrice: «On me demande de semer de l’herbe, mais avec des poules, elle n’a pas le temps de pousser!»

L’inspectrice a invité l’amateur à visiter un poulailler exemplaire, à quelques minutes de là, celui d’un agriculteur, Roland Gafner. Une invitation déclinée par l’intéressé: «Mon poulailler surélevé dispose d’une litière, elle veut quoi? Que je mette un matelas?» interroge M. Q.

À 50 centimètres

Non loin de là, chez Roland Gafner, les poules disposent depuis deux ans de perchoirs qui répondent aux critères légaux: surélevés et à différentes hauteurs, à au moins à 50 cm du sol et avec avoir 50 cm d’espace en dessus. «Regardez: pas une seule plume ne leur manque», indique l’éleveur.

À l’extérieur, les poules disposent d’un bac à sable certes gelé en hiver, mais l’inspectrice jubile: «Fantastique! Voilà des poules heureuses». Le meilleur étant possible, pas question pour elle de lâcher prise avec celui qu’elle considère comme le pire poulailler.

En parallèle, C. T. poursuivra d’autres combats, ici pour libérer un chien en cage, là pour sortir des lapins d’un garage. Avant le transfert de Moutier dans le canton du Jura, elle compte sur le soutien de l’Association jurassienne de protection des animaux, avant d’en référer à Delémont au Service des affaires vétérinaires.

Ce que dit la loi sur les poules (extraits):

«Avant de se procurer des poules, il faut s’assurer d’avoir un poulailler dans lequel elles pourront exprimer les comportements propres à leur espèce: chercher de la nourriture, gratter la litière et picorer, prendre des bains de poussière et se retirer en hauteur sur des perchoirs».

«Le poulailler doit être pourvu de perchoirs, pondoirs, mangeoires et abreuvoirs, et le sol doit être recouvert d’une litière. En plus d’un poulailler suffisamment spacieux (4 poules/m²), il est important d’avoir un groupe social aussi stable que possible, car établir une hiérarchie peut être très stressant pour les poules».

«Si l’on veut remplacer des animaux ou agrandir le groupe social, il faut toujours introduire plusieurs poules à la fois. La composition d’un groupe social stable ne nécessite pas la présence d’un coq. Mais si l’on souhaite en avoir un, on devrait le détenir avec au moins cinq poules et avoir des voisins tolérants».

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