L’affaire qui embarrasse le ministre britannique des Finances 

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Statut fiscal avantageuxL’affaire qui embarrasse le ministre britannique des Finances

Le ministre britannique Rishi Sunak a dénoncé vendredi une campagne de «dénigrement» après les critiques sur les millions économisés par sa richissime épouse en impôts. 

Le ministre des Finances Rishi Sunak et son épouse Akshata Murty, le 9 février 2022.

Le ministre des Finances Rishi Sunak et son épouse Akshata Murty, le 9 février 2022. 

AFP

La chute est brutale pour le chancelier de l’Échiquier Rishi Sunak, jeune étoile montante des conservateurs qui avait dépensé sans compter pour aider les Britanniques pendant la pandémie. Cet ancien banquier d’affaires éloquent de 41 ans était encore considéré il y a quelques semaines comme le favori pour succéder à Boris Johnson, un temps sur un siège éjectable en raison des fêtes à Downing Street pendant les confinements. Le ministre des Finances n’avait d’ailleurs soutenu le Premier ministre que du bout des lèvres. 

Éloigné des réalités 

Mais l’envolée des prix l’a rattrapé. Avec des mesures d’aide jugées loin d’être à la hauteur de la chute historique du pouvoir d’achat encaissée par les ménages britanniques, annoncées fin mars alors que le Premier ministre se consacrait à la guerre en Ukraine, le ministre millionnaire est apparu comme insensible et éloigné des réalités. Donnant du grain à moudre aux attaques de l’opposition sur son train de vie, le journal «The Independent» a révélé cette semaine le statut fiscal avantageux de son épouse Akshata Murty, richissime fille du cofondateur milliardaire du groupe indien de technologies Infosys. 

«Salir ma femme pour m’atteindre, c’est affreux», a dénoncé Rishi Sunak dans une interview au tabloïd «The Sun» vendredi, ajoutant que sa femme, de nationalité indienne, avait «payé des taxes au Royaume-Uni sur chaque penny qu’elle a gagné» dans ce pays. Il a dénoncé une «campagne de dénigrement» venant des rangs de l’opposition travailliste.

Millions non payés au fisc 

Légal, le statut de «non domicilié» remontant à 1799 lui permet d’éviter de payer au fisc de Sa Majesté des impôts sur ses revenus étrangers. Cela signifie que son domicile permanent est considéré comme étant en dehors du Royaume-Uni, alors que Rishi Sunak et sa femme occupent un appartement de fonction à Downing Street. Selon les estimations du quotidien de gauche «The Guardian», Akshata Murty a remporté 54,5 millions de livres sterling de dividendes d’Infosys depuis 2015 et son statut lui aurait permis d’éviter de payer 20 millions de livres (24,4 millions de francs) au fisc britannique. 

Explications peu convaincantes

«Ma femme est née en Inde, elle y a été élevée et il ne serait pas raisonnable ni juste de lui demander de couper les liens avec son pays simplement parce qu’elle est mariée avec moi», a plaidé Rishi Sunak. Sans convaincre tout le monde, de nombreux experts relevant que le statut n’a rien à voir avec la nationalité. Ces révélations passent mal dans un pays qui voit le coût de la vie s’emballer, avec une situation qui va s’aggraver à la suite de la hausse massive des factures de gaz et électricité le 1er avril.

Train de vie fastueux 

Elles ont mis en lumière, dans ce contexte difficile, le train de vie des Sunak, qui possèdent des propriétés aussi bien au Yorkshire (nord de l’Angleterre), où le ministre est élu, qu’en Californie. Et elles permettent d’alimenter les critiques de l’opposition sur des conservateurs qui profiteraient du système pour leur convenance personnelle, faisant fi des règles imposées aux autres.

Opposition ironique 

«Les Sunak vont probablement bien supporter la crise», a ironisé le chef du Labour, Keir Starmer. «Au moins, nous avons résolu un mystère qui me taraudait ces derniers jours: on sait maintenant pourquoi le chancelier se présente comme abaissant les impôts.» Si le ministre a publiquement dénoncé une campagne venant de l’opposition, un «allié» anonyme a mis en cause dans le «Telegraph», journal proche du pouvoir, le Premier ministre, soucieux de se remettre en selle après avoir semblé surmonter le «Partygate». 

Chute dans les sondages 

«Ce n’est dans l’intérêt de personne à part le Premier ministre», a plaidé cette source, relevant que les coups se succédaient depuis la présentation budgétaire de fin mars, critiquée de toutes parts comme ratée. Depuis, Rishi Sunak subit une chute spectaculaire dans les sondages, longtemps très favorables: la dernière étude de l’institut YouGov le donne désormais derrière Keir Starmer à 57% d’opinions défavorables.

(AFP)

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