Chaos en Corse«Météo-France ne prévoit plus les orages, il les constate!»
Au lendemain des violentes intempéries qui ont coûté la vie à au moins cinq personnes, la polémique enfle autour du système d’alerte et de vigilance météo en France.
Les nouveaux orages qui se sont abattus sur la Corse dans la nuit de jeudi à vendredi n’ont nécessité aucune intervention majeure, au lendemain d’un épisode orageux particulièrement violent qui a fait cinq morts, dont une Autrichienne de 13 ans. «On prenait le petit-déjeuner vers 7 h 30, et en cinq minutes, c’était l’enfer», ont raconté Amanda et Jonathan Aguera, un couple en vacances dans le camping de Sagone, où la jeune fille a perdu la vie. «C’était apocalyptique», abonde une autre vacancière.
La Corse, à nouveau placée en vigilance orange depuis 21 h jeudi, connaît une «accalmie relative», avec des orages actuellement «peu actifs», a annoncé Météo-France. Dans un bulletin diffusé vendredi matin, il précise toutefois que «des orages actifs se forment toujours en mer».
Le Ministère de l’intérieur a appelé sur Twitter les habitants de l’île à être «vigilants»: «Surveillez la montée des eaux et restez informés». Lors de son passage à Sagone, Gérald Darmanin a annoncé que l’état de catastrophe naturelle pourrait être décrété dès mercredi. À Ajaccio, le ministre a ensuite participé en visioconférence à la première réunion de la cellule interministérielle de crise, présidée par Emmanuel Macron depuis le fort de Brégançon (Var).
Pendant ce temps, la polémique enfle autour du système d’alerte et de vigilance météo. Sur les réseaux sociaux, représentants locaux et anonymes reprochent à Météo-France d’avoir tardé à donner l’alerte et d’avoir mal anticipé la violence du phénomène. Ce n’est en effet que vers 6 heures, jeudi, que les ingénieurs ont compris que l’orage allait frapper le littoral. Le bulletin de vigilance émis par l’organisme a été diffusé trop tardivement, ne laissant pas aux gens le temps de réagir. «Météo-France ne prévoit plus les orages, il les constate», s’insurge notamment un utilisateur de Twitter.
Météo-France concède avoir été «surpris» par une situation «exceptionnelle» et «difficilement prévisible» par ses modèles numériques. Le service se défend toutefois de ne pas avoir activé en avance sa vigilance orange de jeudi matin. Dans les locaux de Météo-France, un sentiment de malaise flotte parmi le personnel. «Les équipes de prévisionnistes ont refait trois fois leurs analyses pour comprendre ce qui aurait pu être mieux anticipé. On se pose également la question de la pertinence des alertes», confie un employé au «Parisien».
Le quotidien explique que toutes les trois heures, «un ordinateur surpuissant capable d’analyser des millions de données et de relevés crache des scénarios probables pour les 48 heures à venir». Une seule prévision émise par l’appareil mercredi après-midi se rapprochait plus ou moins de ce qui s’est vraiment passé le lendemain. Les scénarios arrivés ensuite ont écarté celui-ci, annonçant un orage qui n’atteindrait pas les côtes.
Sur RMC vendredi matin, un syndicaliste de Météo-France dénonçait le manque de moyens et d’effectifs au sein du service. «On a perdu 24% des agents prévisionnistes en 10 ans», déplorait Jérôme Lartisant.