Guerre en UkraineLâché par le groupe Wagner, Moscou ne compte pas étoffer ses troupes
Après la mutinerie avortée d’Evguéni Prigojine, la Russie a écarté lundi toute nouvelle mobilisation. L’Ukraine, elle, fait état de «combats acharnés» dans quatre zones de la ligne de front.
La Russie a écarté lundi toute nouvelle mobilisation pour grossir ses troupes, après le départ des hommes du groupe paramilitaire Wagner d’Ukraine «Le président de la Fédération de Russie a clairement, de manière compréhensible et spécifique, dit qu’il n’y aurait pas de nouvelle mobilisation», a déclaré lundi à l’agence d’État TASS Andreï Kartapolov, à la tête du Comité de Défense de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.
«Il n’y a aucun besoin de mobilisation aujourd’hui et dans un avenir proche», a-t-il ajouté, déclarant qu’«il n’y a pas du tout de menace de diminution du potentiel de combat» à moyen et long terme, et que Moscou dispose d’effectifs au sein des forces armées russes pour les remplacer. Le 13 juin, quelques jours avant la mutinerie du groupe paramilitaire, Poutine avait lui-même écarté l’idée d’une nouvelle mobilisation: «Il n’y a pas un tel besoin aujourd’hui», avait-il déclaré à des journalistes, selon le site du Kremlin.
«Combats acharnés»
Après sa mutinerie avortée en Russie, le patron du groupe Wagner, Evguéni Prigojine, a accepté de s’exiler en Biélorussie, à la faveur d’une médiation menée par Minsk, allié de Moscou. Dans le cadre de cet accord, les combattants de Wagner ont le choix de partir en Biélorussie, de retourner à la vie civile, ou de s’engager dans l’armée russe régulière. Prigojine a assuré que son soulèvement ne visait pas à renverser le pouvoir, mais à sauver Wagner d’un démantèlement par l’état-major russe, qu’il accuse d’incompétence dans le conflit en Ukraine.
Selon Kiev, les forces russes ont avancé dimanche dans quatre zones de la ligne de front dans l’Est, mais l’Ukraine assure que ses troupes progressent dans le Sud. Dans la nuit de dimanche à lundi, Moscou a attaqué l’Ukraine au moyen de missiles et de drones iraniens Shahed. «Il y a partout des combats acharnés», «la situation est assez difficile», a écrit dimanche la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar sur Telegram.
Kiev s’impatiente
L’Ukraine dit poursuivre sa contre-offensive lancée il y a environ un mois et qui n’a pas permis de déclencher pour l’instant d’avancée décisive. Elle exhorte ses alliés occidentaux à hâter l’aide militaire promise, à l’approche d’un sommet de l’OTAN à Vilnius.
Volodymyr Zelensky, en recevant samedi le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, avait critiqué les partenaires occidentaux de Kiev sur le rythme de mise en œuvre de la formation des aviateurs ukrainiens, habitués aux MiG et Sukhoï soviétiques, au pilotage des F-16. Le chef d’état-major américain Mark Milley, depuis Washington, a répondu que les États-Unis et leurs alliés faisaient leur possible pour envoyer ce dont l’Ukraine a besoin.
Sur le terrain des exportations de céréales, l’ambassadeur russe aux Nations Unies a déclaré ne pas voir «de raisons» de prolonger l’accord qui permet les exportations ukrainiennes malgré le conflit, et qui doit expirer en juillet. Pour Guennadi Gatilov, l’accord conclu en juillet 2022 s’est détourné de ses visées humanitaires pour devenir «un projet commercial», fournissant principalement les «pays à revenu élevé», a-t-il déclaré dans un entretien au média russe Izvestia paru lundi.