Reggae blancLa Brasserie Lorraine condamnée pour discrimination raciale
L’établissement bernois qui avait arrêté le concert d’un groupe de reggae blanc en juillet 2022 a fait l’objet d’une condamnation pénale. Recours déposé.
- par
- Eric Felley
Souvenez-vous l’année dernière, le lundi 18 juillet 2022, un groupe de reggae se produisait à Berne sur la scène de la Brasserie Lorraine. Plusieurs spectateurs avaient manifesté auprès des organisateurs un «malaise» face à «l’appropriation culturelle» de ce groupe composé de musiciens blancs. Ceux-ci auraient adopté les codes d’une culture ne lui appartenant pas, portant notamment des dreadlocks. Après une discussion avec les musiciens, ceux-ci avaient mis un terme à leur concert.
Une fois médiatisée, l’affaire avait connu un retentissement certain autour du concept d’appropriation culturelle. Mais les musiciens du groupe avaient défendu leur statut: «Nous nous considérons comme un groupe qui s’inspire de différentes cultures. Nous nous identifions aussi à des messages comme cela n’a pas d’importance que tu sois noir ou blanc». Profitant de la polémique, les jeunes UDC Suisse avaient déposé une plainte, car ils avaient considéré cette annulation comme du «racisme antiblanc».
Ordonnance pénale
Plus d’une année après, la justice bernoise a frappé, comme nous l’apprend ce vendredi la «Berner Zeitung». La Brasserie Lorraine a fait l’objet au mois d’août d’une condamnation par ordonnance pénale pour «discrimination raciale» par le Ministère public bernois. L’établissement a fait recours contre cette décision qui demeure donc suspendue à un deuxième jugement. La discrimination raciale peut entraîner une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison ou, dans le cas présent, une amende.
Selon la Berner Zeitung, les jeunes UDC Suisse n’étaient pas au courant de la condamnation de la brasserie. Leur porte-parole, Nils Fiechter, précise: «Comme il s’agit d’un délit poursuivi d’office et que le verdict n’est pas encore définitif, le ministère public ne peut pour l’instant nous donner aucune information». Et d’ajouter plus loin: «Il y avait clairement une discrimination à l’encontre des gens en raison de leur couleur de peau, dit-il. Si le groupe n’était pas blanc mais foncé, ils pourraient encore donner des concerts à la Brasserie Lorraine aujourd’hui».
Les musiciens se distancient
Dans cette histoire à rebondissements, les membres du groupe Lauwarm tiennent à garder de la hauteur: «Nous ne nous sommes jamais sentis victimes de discrimination raciale», précisent-ils au quotidien bernois. Ils se distancient donc des jeunes UDC Suisse qui ont profité de cette affaire pour se faire de la publicité: «Nous voulons résoudre les problèmes de manière durable par un dialogue honnête et fondé, et non pas par une publicité polarisante».