La Suisse tient bon face à la susceptibilité chinoise

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CommentaireLa Suisse tient bon face à la susceptibilité chinoise

La Chine officielle a réagi négativement à la visite de parlementaires suisses à Taïwan. Mais au fond, c’est une question de liberté.

Eric Felley
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Eric Felley
Le photomontage de bienvenue réalisé à Taïwan pour Léonore Porchet (V/VD), Mustafa Atici (PS/BS), Fabian Molina (PS/ZH), Nicolas Walder (V/GE) et Yves Nidegger (UDC/GE).

Le photomontage de bienvenue réalisé à Taïwan pour Léonore Porchet (V/VD), Mustafa Atici (PS/BS), Fabian Molina (PS/ZH), Nicolas Walder (V/GE) et Yves Nidegger (UDC/GE).

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La Chine a au moins deux raisons d’être contrariée en ce moment. D’un côté, Joe Biden a fait abattre son ballon qui avait dérivé sur le territoire américain. De l’autre, une délégation de cinq parlementaires helvétiques a été reçue lundi par la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.

La Chine voit tout, entend tout, sait tout. Avec son ballon ou sans son ballon. Alors quand une délégation du Parlement helvétique fait une visite à Taïwan, les signaux passent au rouge du côté de Pékin, dont l’ambassade en Suisse a précisé, en vain: «Les parlementaires devraient éviter toute forme de contact officiel avec les autorités de Taïwan pour ne pas envoyer de signal aux séparatistes».

Du côté de Berne, on évoque une visite non officielle. Mais vu de Chine, il est impensable que des parlementaires voyagent comme des électrons libres dans un pays étranger sans en référer au pouvoir en place. Une telle liberté est perçue comme une faiblesse de la gouvernance helvétique.

Résilier l’accord de libre-échange?

Parmi la délégation se trouve Nicolas Walder (V/GE), qui a déposé à Berne une grande quantité d’interventions visant à sanctionner la Chine. À l’occasion de la récente publication du rapport sur le Xinjiang de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, l’écologiste genevois a déposé une motion demandant la résiliation l’accord de libre-échange liant la Suisse avec la République populaire de Chine.

Le Conseil fédéral lui a répondu par la négative, car la résiliation de l’accord «fermerait durablement la porte au dialogue avec la Chine sur ces sujets, en plus de pénaliser l’ensemble des secteurs économiques et tous les opérateurs qui bénéficient au quotidien des avantages économiques et de la sécurité juridique que leur procure cet accord».

Ces dernières années, Ignazio Cassis a maintes fois répondu à Nicolas Walder, toujours dans un sens diplomatique, que la Suisse faisait son possible, mais qu’elle n’entendait pas se heurter avec la Chine, que soit sur Taïwan, Hong Kong, le Tibet ou le Xinjiang. Dans ce contexte, les Chinois ne devraient pas prendre ombrage de la liberté laissée aux parlementaires helvétiques de faire une visite dans un pays démocratique. Au contraire, on pourrait même souhaiter qu’ils prennent exemple de cette liberté… Mais là, c’est probablement trop en demander.


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