Royaume-UniDes noms circulent déjà pour remplacer Liz Truss
Les critiques à l’encontre de la Première ministre britannique se multiplient au sein même de sa majorité, certains conservateurs évoquant déjà des remplaçants.
Au pouvoir depuis 37 jours, Liz Truss semble de plus en plus dans une impasse. Les baisses d’impôts massives que la Première ministre britannique a promises fin septembre, sans financement clair, ont affolé les marchés et ont été accueillies avec scepticisme et inquiétude par une partie de son propre camp. Si elle maintient pour l’instant le cap, des députés conservateurs lui enjoignent en privé de revenir sur certains des éléments de son «mini-budget», notamment l’annulation d’une hausse prévue de l’impôt sur les sociétés.
Pire, «des députés conservateurs sont en train de sonder pour un possible remplacement de Kwasi Kwarteng (le ministre des Finances, NDLR) et même éventuellement de Liz Truss», a affirmé jeudi, sur la BBC, Paul Goodman, ancien député et rédacteur en chef de ConservativeHome, un site très influent chez les Tories britanniques. «Toutes sortes de noms sont évoqués», a-t-il ajouté, en évoquant notamment Rishi Sunak, l’ancien rival de Liz Truss lors de la campagne pour Downing Street, et même Boris Johnson, le Premier ministre qu’elle a remplacé le mois dernier.
«Intenable»
Le congrès des conservateurs au début du mois avait déjà été marqué par les tensions et dissensions. Les appels à l’unité au sein du parti, pour ne pas faire le jeu d’une opposition très en tête dans les sondages, n’ont guère eu d’effet. «Les députés qui font circuler un tableau de noms sur qui devrait remplacer Truss ne tiennent pas compte du fait qu’ils ne peuvent pas imposer au public britannique un autre Premier ministre pour lequel le public n’a pas voté», a réagi sur Twitter l’ancienne ministre Nadine Dorries, soutien de Liz Truss. C’est «une position totalement intenable», a-t-elle ajouté, confirmant implicitement l’existence de ce tableau.
Liz Truss, 47 ans, a été nommée Première ministre le 6 septembre après une campagne de deux mois au sein des Tories britanniques, pour remplacer Boris Johnson. Elle est la quatrième dirigeante conservatrice depuis 2016. «Changer de leader serait une idée désastreuse politiquement et économiquement», a également estimé le ministre des Affaires étrangères James Cleverly, dépêché jeudi matin sur plusieurs radios et télévisions pour défendre la politique de Mme Truss. En présentant le «mini-budget» fin septembre, «il s’agissait de nous assurer que les impôts baissent pour 30 millions de personnes et ce sont des messages très forts. Je pense que nous devons absolument nous y tenir», a-t-il défendu sur Sky News alors que l’inflation frôle les 10% dans le pays.
Après l’annonce de ces baisses d’impôts massives sans financement clair, les marchés ont violemment réagi. La livre sterling a atteint fin septembre un plus bas historique, suscitant des réactions du Fonds monétaire international et de la Banque d’Angleterre. L’ancien secrétaire d’État et député conservateur David Davis a dénoncé la «maxipagaille» créée par ce «mini-budget» et suggéré que certaines baisses d’impôts soient revues.
«Vœu pieux»
Mercredi, lors de la séance hebdomadaire de questions au Premier ministre, Mme Truss huée par l’opposition travailliste a exclu de couper dans les dépenses publiques pour financer ses baisses d’impôts, répétant qu’elle misait sur la croissance pour sortir le pays de la crise. Mais compter sur une croissance rapide est un «vœu pieux», a taclé un ancien conseiller à la Banque d’Angleterre.
«La seule façon pour que ça fonctionne est de partir du principe que la croissance va accélérer de la façon que le souhaite le gouvernement. Je pense que beaucoup de gens voient ça comme un vœu pieux», a affirmé sur Times Radio Martin Weale, désormais professeur d’économie à la King’s Business School. Malgré les turbulences sur les marchés et au sein de son parti, Downing Street affirme que Liz Truss – qui est déjà revenue en arrière concernant une mesure phare de son budget – est «uniquement concentrée sur l’objectif de croissance via les changements et les réformes prévus».