Suisse – Les demandes d’asile risquent de grimper en 2022

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SuisseLes demandes d’asile risquent de grimper en 2022

Chef du Secrétariat d’État aux migrations, Mario Gattiker table sur 15’000 dossiers. Mais ce chiffre pourrait exploser à 25’000 en raison de la pandémie et de l’instabilité politique en Afrique notamment.

Christine Talos
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Christine Talos
L’heure de la retraite a sonné pour Mario Gattiker, 65 ans, qui quitte son poste à la fin de l’année.

L’heure de la retraite a sonné pour Mario Gattiker, 65 ans, qui quitte son poste à la fin de l’année.

D’ici à la fin de l’année, la Suisse aura enregistré quelque 14’500 demandes d’asile, selon Mario Gattiker, chef du Secrétariat d’État aux migrations (SEM). Un chiffre faible par rapport aux précédentes années. La raison? La pandémie mais aussi les mesures prises aux frontières extérieures de l’espace Schengen, explique-t-il dans Blick ce jeudi. C’est aussi le fruit de la politique migratoire de Berne, selon lui: «La Suisse veut offrir une protection aux réfugiés qui en ont besoin mais ne tient pas à attirer des migrants qui n’ont aucun motif d’asile», souligne-t-il.

Pour 2022, le chef du SEM, qui quitte son poste à la fin de l’année pour cause de retraite, table sur 15’000 dossiers. Mais la Suisse pourrait très bien devoir faire face à 25’000 demandes, prévient-il aussi. En effet, la probabilité d’un tel scénario est plus élevée en 2022 que cette année. Il pourrait devenir réalité si la situation sur le front du Covid s’améliore dès le printemps. «Le virus devrait alors moins freiner les migrants qu’aujourd’hui», estime le chef du SEM. En outre, davantage de personnes pourraient tenter de traverser la Méditerranée, entre l’Afrique du Nord et l’Italie, selon Mario Gattiker. «Cette année déjà, les débarquements en Italie ont augmenté», constate-t-il.

Instabilité en Afrique

En outre, Mario Gattiker souligne l’instabilité politique qui augmente dans de nombreux pays, une instabilité aggravée par les difficultés économiques engendrées par le Covid. «L’Éthiopie, où vivent 5 millions de réfugiés, est au bord de la guerre civile. La situation en Libye est également très instable», pointe-t-il. «Rien qu’en Afrique de l’Ouest, nous avons eu trois coups d’État cette année: au Mali, au Tchad et en Guinée. Il pourrait donc y avoir des situations où les gens vont décider de fuir», explique-t-il.

Le chef du SEM souligne par ailleurs que le nombre de réfugiés de Syrie et d’Afghanistan est en hausse en raison de la fin du blocus de la route des Balkans cet été. Du coup, ils quittent la Grèce pour gagner l’Europe occidentale. «Ceux qui veulent aller en France ou en Grande-Bretagne passent par la Suisse», souligne Mario Gattiker. Mais il précise: «La plupart du temps, ils ne déposent pas de demande d’asile et poursuivent rapidement leur voyage. Et selon la loi en vigueur, nous ne pouvons pas les arrêter», indique-t-il. La Suisse s’efforce donc d’assurer le meilleur contrôle possible de ces migrants.

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