États-UnisLe Congrès américain s’enfonce encore un peu plus dans la crise
Jim Jordan, candidat pour devenir le «speaker» de la Chambre des représentants, a jeté l’éponge ce vendredi après un nouvel échec à se faire élire au perchoir.
Les républicains ont désavoué vendredi un allié de Donald Trump, Jim Jordan, qui n’est plus le candidat désigné du parti pour la présidence de la Chambre des représentants des États-Unis, enfonçant toujours plus cette institution parlementaire dans la crise.
Les élus républicains ont retiré leur soutien à Jim Jordan lors d’un vote à bulletins secrets et fait savoir qu’ils se réuniraient lundi pour désigner un nouveau candidat au poste de «speaker». «Nous devons nous rassembler et déterminer qui sera notre chef», a affirmé après ce vote Jim Jordan. Ce membre de la frange la plus conservatrice du parti et proche de Trump a confirmé qu’il ne se représenterait pas.
Quelques heures avant, 25 républicains ont voté contre l’élu de l’Ohio, qui a essuyé son troisième échec en quatre jours à se faire élire au perchoir. Le poste est vacant depuis la destitution historique de Kevin McCarthy, le 3 octobre, à la suite de divisions entre républicains modérés et trumpistes. Depuis près de trois semaines, la chambre basse du Congrès américain, censé être l’un des parlements les plus puissants au monde, n’a donc pas pu voter sur le moindre projet de loi.
Et ce à l’heure où le président américain Joe Biden vient de demander au Congrès une énorme rallonge budgétaire de plus de 105 milliards de dollars (94 milliards de francs) pour aider les alliés israélien et ukrainien, tenir tête à la Chine et répondre aux arrivées de migrants à la frontière sud du pays. «Nous sommes dans une très mauvaise passe», a admis Kevin McCarthy.
«Situation grave»
Jeudi, des parlementaires avaient demandé à Jim Jordan d’abandonner. Et certains élus républicains avaient assuré qu’ils ne voteraient pas pour lui, même s’il persistait à se présenter. «Il est devenu clair que l’élu Jordan ne possède pas et n’obtiendra pas les votes nécessaires pour être speaker», avait souligné dans un communiqué Tom Kean, élu républicain du New Jersey.
C’est dans ce contexte de blocage à la chambre et de chaos politique que Joe Biden a demandé vendredi une rallonge budgétaire de 105 milliards de dollars notamment pour soutenir l’Ukraine et Israël, alliés des États-Unis impliqués dans des crises internationales majeures, et répondre aux défis posés par l’immigration à la frontière sud du pays.
«Nous devons débloquer la Chambre. Je m’attends à ce que le Sénat commence à travailler dès que possible sur l’enveloppe de sécurité nationale du président Biden», a déclaré à des journalistes Hakeem Jeffries, le chef du groupe parlementaire démocrate à la Chambre des représentants. «Si la Chambre n’est pas débloquée, elle va s’enliser inutilement et des vies seront mises en danger. C’est une situation grave», a-t-il martelé.
Pour sortir de la crise, Hakeem Jeffries a ainsi appelé à trouver un «speaker» qui résulte d’un choix venant des deux bords politiques. Selon lui, Jim Jordan était un «danger pour la démocratie». «Il y a encore des républicains raisonnables de l’autre côté de la Chambre, des hommes et des femmes qui veulent que la Chambre reprenne du service», a-t-il assuré.