Armes à feuFabricants américains ciblés par une plainte mexicaine
Smith&Wesson, Beretta, Colt et d’autres fabricants américains sont visés par une plainte du Mexique, à cause des 500’000 armes par an qui passent illégalement la frontière.

Sur cette photo prise en juin 2018, lors d’une marche pour la paix et contre la violence à Ciudad Juarez, ville mexicaine à la frontière avec les États-Unis, cette banderole scande «Pas d’armes». D’où la démarche de Mexico, qui attaque les fabricants américains en justice.
AFPLe Mexique a intenté, mercredi, une action en justice devant un tribunal fédéral de Boston, au nord-est des États-Unis, contre les principaux fabricants d’armes américains, a annoncé le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard.
«Nous sommes confiants dans la qualité juridique de ce que nous présentons, nous allons plaider avec tout le sérieux nécessaire. Nous gagnerons ce procès et nous réussirons à réduire de manière drastique le trafic illicite d’armes au Mexique», a-t-il précisé, lors d’une conférence de presse.
Un demi-million par an
Parmi les entreprises accusées par le Mexique figurent Smith&Wesson, Beretta, Colt, Glock, Century Arms, Ruger et Barrett, qui produisent au moins 68% des plus d’un demi-million d’armes introduites clandestinement au Mexique chaque année, selon les informations figurant dans la plainte mexicaine.
Marcelo Ebrard a affirmé qu’il n’y avait aucun précédent à ce que le gouvernement mexicain «participe à un litige de cette nature» devant un tribunal américain, et que la démarche avait l’aval du président, Andrés Manuel López Obrador. Le ministre des Affaires étrangères a expliqué que l’action en justice visait à ce que les fabricants dédommagent le gouvernement mexicain pour les dégâts causés par leurs «pratiques négligentes».
Armes spéciales pour les trafiquants de drogue?
La plainte demande également des mesures pour «surveiller et mettre au pas» les fabricants et les distributeurs d’armes. Marcelo Ebrard a même accusé les fabricants américains de développer des types d’armes spécialement pour les trafiquants de drogue mexicains. «C’est pour cela que ces armes sont faites: être achetées. Elles ont plus de valeur, elles ont une autre esthétique et s’utilisent différemment», a expliqué le ministre.
Le trafic illégal d’armes figure au centre des relations bilatérales entre le Mexique et son voisin américain et constitue le principal marché des puissants cartels de la drogue. Plus de 17’000 meurtres commis au Mexique en 2019 ont impliqué l’utilisation d’armes importées illégalement depuis les États-Unis, selon des données du gouvernement mexicain.