Elections au PortugalJournée de vote anticipé en raison de la crise sanitaire
Les Portugais commencent à voter par anticipation ce dimanche pour les élections législatives du 30 janvier, un scrutin dont le premier ministre socialiste Antonio Costa fait figure de favori.
Au Portugal, pandémie oblige, plus de 300’000 électeurs, dont le chef du gouvernement sortant, se sont inscrits pour voter dimanche à partir de 08h00 GMT, soit une semaine avant la date officielle de ces élections anticipées. Elles ont été convoquées par le président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa suite au rejet du budget 2022 de l’exécutif, qui est minoritaire, par ses anciens alliés de la gauche radicale.
Le Parti socialiste est actuellement crédité de près de 38% des intentions de vote, contre un peu plus de 30% pour la principale formation d’opposition de centre droit, le Parti social-démocrate (PSD) de l’ancien maire de Porto Rui Rio, selon les résultats d’un agrégateur de sondages publié par Radio Renascença. Mais selon plusieurs enquêtes, la tendance des derniers jours indique une réduction de l’écart entre les deux partis.
Le parti d’extrême-droite Chega (qui veut dire «Assez» en portugais), entré au Parlement avec un seul député en 2019, pourrait devenir la troisième force politique du pays, avec près de 7% des votes.
Rapport de forces
Dirigé par André Ventura, Chega reste toutefois au coude à coude avec les formations de gauche radicale qui ont permis à Antonio Costa d’arriver au pouvoir en 2015: le Bloc de gauche et la coalition communistes-verts. Fustigeant la décision «irresponsable» et «impardonnable» de ses anciens partenaires, dont il espère ne plus dépendre pour gouverner, M. Costa demande aux électeurs de lui donner la majorité absolue qui lui avait échappée en 2019 pour huit sièges. S’il n’atteint pas cet objectif, il a déjà dit qu’il tenterait de gouverner seul, en négociant des soutiens parlementaires au cas par cas ou en s’appuyant sur un petit parti animaliste.
A l’issue du scrutin, «il est prévisible que le rapport de forces actuel se maintienne», estime le politologue José Santana Pereira, de l’Université de Lisbonne, en ajoutant qu’il sera «compliqué» pour M. Costa de former «un gouvernement stable» sans les partis de la gauche radicale. Toutefois, «Antonio Costa est un politicien né et, aux yeux de l’électorat, il est mieux préparé que Rui Rio», très contesté dans son propre camp, note l’analyste Marina Costa Lobo.
Electeurs en quarantaine
Pendant son premier mandat, le pays a connu quatre années de croissance économique qui lui ont permis de revenir sur la politique d’austérité mise en oeuvre après la crise de la dette de 2011, tout en affichant le premier excédent budgétaire de son histoire récente. Ces deux dernières années ont ensuite été marquées par la crise sanitaire dont le Portugal espère bientôt émerger grâce à un des taux de couverture vaccinale les plus élevés au monde.
Les Portugais sont appelés aux urnes pour la troisième fois depuis le début de la pandémie de Covid-19, après la réélection il y a un an du président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, puis les municipales de septembre dernier, que les socialistes ont remportées malgré la perte de la mairie de Lisbonne.
Comme ses voisins européens, le Portugal est submergé par le variant Omicron et enchaîne des records successifs de nouveaux cas quotidiens, qui ont dépassé cette semaine la barre des 50’000. Quelque 600’000 personnes sont actuellement en quarantaine, dont deux tiers de votants potentiels, sur un total de 9,3 millions d’électeurs inscrits sur le territoire portugais.
Ces électeurs pourront rompre leur isolement dimanche prochain pour aller voter mais, afin d’éviter la propagation du virus, le gouvernement recommande qu’ils se rendent aux urnes une heure avant la fermeture des bureaux de vote.