Hockey sur glaceNoah Rod: «Je leur ai juste dit qu’on serait des p***** de légendes»
Le capitaine des Aigles s’est confié quelques minutes après avoir soulevé le trophée de champion de Suisse. Sur «une autre planète», il évoque les sacrifices de tous et son bonheur.
- par
- Simon Meier
Noah Rod a soulevé le trophée de champion de Suisse jeudi soir aux Vernets, à 22h46. Son rêve de jeune homme et d’athlète. «C’est l’un des plus beaux jours de ma vie, dira un peu plus tard, dans la liesse ambiante, le capitaine de GE Servette. Ça fait dix ans que je me lève tous les matins pour gagner cette coupe. Il y a surtout énormément de fierté d’avoir pu me battre avec des gars pareils. C’est rare d’avoir une équipe aussi forte. Chacun a tout donné, sacrifié énormément, et on a le résultat de nos efforts.»
Âme du vestiaire, leader caractériel, Noah Rod a entraîné dans son sillage une sacrée meute où les talents, quand ils n’étaient pas des génies du puck, ont su se mettre au service d’une mission collective. «Le staff a fait un bon job, chacun a dû mettre son ego de côté pendant cette saison, explique le Genevois. Chacun a dû faire des efforts sur son temps de jeu, sur le power-play, le box-play. Peu importe l’aspect, tout le monde a su faire l’effort et c’est pour ça qu’on est champion.»
Noah Rod le voulait peut-être plus que tous les autres, ce titre de champion à Genève. D’où cet ultime rappel, basique mais plein de symboles: «J’ai juste envoyé un message aux joueurs hier soir (ndlr: mercredi) avant d’aller au lit. Pour leur dire que quoi qu’il arrive, on serait des p***** de légendes demain. C’est ce qu’on a réussi à faire.»
Avec cette fin d’épopée en apothéose, devant un public démonté, et cette victoire lors d’un acte VII face à Bienne (4-1). Comme dans un conte. «L’histoire est très belle, d’autant que vous n’en connaissez que les 10%, sourit Noah Rod. Tout ce qui s’est passé dans ces play-off, on ne peut même pas le dire aux médias.» Même pas un tout petit peu? «Cadieux (ndlr: Jan, l’entraîneur) m’a conduit le dimanche de Pâques au Tessin pour un nouveau traitement, avec des infiltrations dans ma cheville. J’ai planté ma famille pour tenter quelque chose dont on n’était pas sûr que ça fonctionnerait. Il y a plein de joueurs qui ont énormément sacrifié, les gens ne se rendent pas compte. En tout cas, c’est beau les gars.»
Pas de Mondiaux
L’attaquant de 26 ans va prendre le temps de savourer. Il n’y aura pas de Mondiaux avec l’équipe de Suisse pour lui: «Je ne peux pas continuer à jouer. J’ai donné ce que j’avais à donner ici. Maintenant si je continue, ça peut être dangereux pour plus tard. Donc voilà, on va d’abord fêter et se reposer.»
Les yeux brillent, l’esprit plane. Le capitaine des Aigles flotte en plein bonheur au milieu de cette glace qu’il connaît si bien, sur laquelle il avait déjà connu tant de joies, mais jamais une aussi belle, et tant de peines. «Je suis vraiment sur une autre planète, se marre Noah Rod. Je pense que ça va prendre un peu de temps pour réaliser ce qu’on a accompli.» Et que voit-il, sur cette planète? «Que des belles choses.»