Aux assises, le récit glaçant d’une femme «violée»

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Justice françaiseAux assises, le récit glaçant d’une femme «violée»

Au premier jour de son procès en appel à Evreux, une quadragénaire, condamnée en 2020 pour le meurtre de son conjoint, est revenue sur son calvaire.

Le Palais de Justice d’Evreux.

Le Palais de Justice d’Evreux.

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Condamnée à 10 ans de prison en 2020 pour avoir tué son conjoint, Alexandra Richard, 43 ans, a décrit, parfois en larmes, des violences qu’elle dit avoir subies de la part de cet homme, au premier jour de son procès en appel à Evreux.

Son quotidien avec la victime? «Violences, insultes, peur. J’étais son objet», explique depuis son box vitré cette mère de trois enfants interrogée par son avocate, Lorraine Questiaux, devant la cour d’assises de l’Eure, avant d’ajouter: «il me violait».

Condamnée en 2020 pour meurtre

Alexandra Richard a été condamnée en novembre 2020 par la cour d’assises de Seine-maritime pour le meurtre, avec un fusil de chasse, de son conjoint de 36 ans, le 16 octobre 2016, à leur domicile de Montreuil-en-Caux. Celui-ci, en état d’ébriété, venait de se lever de son fauteuil en la menaçant de lui «défoncer la gueule».

Les violences s’installent «très rapidement dans leur relation», assure l’accusée, faisant le récit de la première agression qu’elle dit avoir subie de la part de celui qui allait devenir le père de son troisième enfant.

«A peine j’étais rentrée, il m’a attrapé les cheveux et jetée au sol», explique en larmes la jeune femme, chignon noir, chemise noire et blanche. «Il avait vu au grenier des photos de ma vie avec mon ex mari. Il a été pris d’une rage. Il me frappait fort. Il me jetait les albums photos. Il m’a donné des coups de poing, je suis tombée de l’escalier. Il m’insultait. +Espèce de salope+. Il a commencé à mettre le feu à ma robe de mariée. Il l’a déchirée devant moi», poursuit-elle.

Naïve, peut-être fière

L’accusée, qui se décrit comme «naïve», «peut-être fière» et «empathique», a pourtant été «extrêmement amoureuse». En 2013, «au début de notre rencontre, Sébastien m’a mis des étincelles dans les yeux. (...) C’était l’homme idéal. Je le trouvais super beau. L’attirance était là. On était un peu comme des ados. Très rapidement, il a changé. Il est devenu violent, il m’a isolée de mes amis», explique-t-elle. Huit ans après, elle «veut être seule» car il lui est «impossible de redonner ma confiance à un homme», assure l’accusée.

«Je suis perçue comme une femme forte mais en fait pas du tout (...) J’ai beaucoup de tristesse au fond de moi. J’ai de l’angoisse», assure-t-elle.

Meurtre sur conjoints? «Non»

L’accusée décrit sa détention comme «horrible». «Je vois très peu mes enfants. Ma grande fille, je l’ai vue il y a un mois. Depuis 11 mois, je suis séparée des personnes que j’aime le plus au monde», dit-elle, «aujourd’hui, si je tiens encore debout, c’est parce que je pense à mes enfants. «Reconnaissez-vous les faits de meurtre sur conjoint qui vous sont reprochés ?», demande la présidente Julie Arzuffi. «Non», répond d’un ton assuré l’accusée qui, en première instance, avait reconnu avoir chargé l’arme mais pas avoir voulu la mort de son conjoint.

Tensions entre l’accusation et la défense

L’audience a ensuite été marquée par de vives tensions entre la défense et l’avocat général, Patrice Lemonnier. Le magistrat a d’abord tonné contre la mère de l’accusée pour lui avoir coupé la parole. Puis les avocats d’Alexandra Richard ont implicitement reproché à l’avocat général d’avoir refusé que l’accusée comparaisse libre, avant de demander à une témoin qui avait elle aussi subi des violences conjugales si l’avocat général la désécurisait.

«Il y a des bornes à ne pas dépasser. Vous êtes en train de me mettre en cause personnellement (...) Vous ne me mettez pas en cause, sinon, je vais appeler le bâtonnier», s’est agacé le magistrat.

Le procès en appel doit durer quatre jours. Une représentante de l’association Osez le féminisme assiste aux débats.

(AFP)

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