PérouUn décret associant la transidentité à un «trouble mental» sème la colère
Plus de 200 membres de groupes LGBT+ ont manifesté vendredi devant le ministère péruvien de la Santé à Lima après que le gouvernement a publié un décret classant la transidentité parmi les «troubles mentaux».
«C’est un décret qui nous ramène trois décennies en arrière», déplore Jorge Apolaya, porte-parole du collectif de la Marche des Fiertés de Lima. «Nous ne pouvons pas vivre dans un pays où nous sommes considérés comme des malades», met-il en avant.
Dans un décret publié le 10 mai, le ministère de la Santé a mis à jour une liste des prestations minimales auxquelles un assuré a droit en y incluant les services destinés aux personnes transgenres. Depuis 2021, cette liste intègre les maladies mentales.
Mais, en voulant étendre sa liste aux traitements liés à l’identité de genre, incluant les thérapies de réaffirmation ou les opérations de réassignation sexuelle, le gouvernement a utilisé une classification obsolète de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), décrivant la transidentité comme un «trouble mental». L’OMS a retiré cette terminologie de son manuel révisé des diagnostics en 2022.
La manifestation organisée vendredi dans la capitale péruvienne pour demander l’abrogation du décret coïncide avec la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie.
«Pas une maladie»
Avec des slogans tels que «Ce n’est pas une maladie, c’est la diversité!» et «Nous sommes trans et nous ne sommes pas malades», les manifestants ont bloqué l’avenue très fréquentée devant le ministère de la Santé pendant quelques heures. Aucun affrontement avec la police n’a été signalé.
«Nous demandons l’abrogation de ce décret transphobe et violent, qui va à l’encontre de nos identités de personnes trans au Pérou», a déclaré Gianna Camacho, porte-parole de la Coordination nationale LGTBIQ+. «Nous ne sommes pas des malades mentaux et nous ne souffrons d’aucun trouble mental», a-t-elle ajouté.
Le gouvernement a déclaré vendredi qu’il n’abrogerait pas le décret. «Le décret restera en vigueur parce que nous ne pouvons pas supprimer le droit aux soins», a expliqué Carlos Alvarado, un responsable du ministère.
Le ministère a précédemment insisté sur le fait qu’il ne considérait pas la diversité sexuelle comme une maladie et a exprimé dans un communiqué son «respect pour les identités sexuelles» et son «rejet de la stigmatisation de la diversité sexuelle».
Il précise que le décret vise simplement à étendre la prise en charge de la santé mentale «pour le plein exercice du droit à la santé et au bien-être» des personnes qui le souhaitent ou qui en ont besoin.