Qatar 2022Bosko Djurovski: «Désolé, mais on va vous battre!»
L’ex-défenseur de Servette et d’Étoile Rouge Belgrade pense que «sa» Serbie va l’emporter ce vendredi soir contre la Suisse. Il explique les raisons de ce choix du cœur.


Bosko Djurovski se réjouit de ce match entre «sa» Serbie et son autre pays de cœur.
ERIC LAFARGUEÀ Belgrade, on ne parle plus que de ça ou presque, de ce goût amer en bouche qui n’a toujours pas disparu et cette défaite restée à travers la gorge il y a quatre ans en Russie. Les Serbes attendent impatiemment cette revanche. Ironie du s(p)ort, ce match sera également la finale du groupe, un visa pour les huitièmes de finale.
Ancien défenseur de Servette FC où il a été champion en 1994, Bosko Djurovski a hâte, lui aussi, que l’Argentin Fernando Andrés Rapallini donne le coup d’envoi de cette partie capitale pour les deux nations. «Je bois un café dans un bistrot de Belgrade avec des amis de l’Étoile Rouge où on compte les heures avant ce match de ce soir où, désolé, mais on va vous battre! (rires)»
Celui qui a passé six ans de sa vie à Genève, qui a encore plein d’amis dans notre pays, sourit. «Que vous sachiez qu’en Serbie, dans les journaux, on a beaucoup de respect pour le groupe de Murat Yakin. Cette sélection, bien organisée et disciplinée défensivement, avec une bonne charnière centrale et un super gardien, encaisse peu de but. Il est vrai aussi qu’il y a eu des problèmes dans notre sélection, avec des blessés, mais aussi des critiques envers Dragan Stojkovic qui n’a pas encore fait jouer certains joueurs de qualité qui piaffent sur le banc. Cela dit, on va miser à fond sur l’attaque avec deux centres costauds pour inquiéter Akanji et Elvedi mais surtout sur le côté gauche, avec un Filip Kostic très rapide qui va poser de gros soucis à Widmer. Pour moi, c’est le maillon faible de l’équipe de Suisse, on l’a vu contre le Brésil face à Vinicius, souvent en retard, où il s’est fait tourner autour. En plus. il n’apporte rien offensivement.»
«Kostic va poser de gros soucis à Widmer. Pour moi, c’est le maillon faible de l’équipe de Suisse»
Pour cet ancien sélectionneur de la Macédoine (de janvier 2014 à avril 2015), qui a également porté durant onze ans le tricot de l’Étoile Rouge de Belgrade (de 1978 à 1989), la clé du match se trouve dans les poches de Murat Yakin. «Si la Suisse nous laisse jouer et qu’elle ne fait que de défendre, je pense que ça va être difficile pour vous, car nous avons des éléments très forts dans le jeu aérien et des ailiers rapides capables de centrer. En revanche, si vous commencez à presser la Serbie, vous aurez une chance.»
«Si vous commencez à presser la Serbie, vous aurez une chance»
Bosko Djurovski espère surtout qu’il n’y aura pas d’incidents politiques sur le terrain et en dehors comme ce fut le cas il y a quatre ans avec l’aigle bicéphale mimé par Shaqiri, Xhaka et Lichtsteiner. «Comme l’a souligné Murat Yakin, Il faut oublier cet épisode, s’empresse de dire l’ancien défenseur. La mission des joueurs est de jouer au football et de se concentrer sur leur jeu. Ils ne doivent pas penser à la vengeance. À chercher à gagner, oui, mais pas sortir des trucs hors foot pour énerver l’autre. Avec la guerre en Ukraine, on a tous besoin de solidarité, surtout sur la pelouse. Il suffit de s’inspirer de ce qui s’est passé lors du match Iran - États-Unis où les acteurs se sont embrassés comme des frères après la partie. C’est ça le message que nous devons transmettre. Un terrain de foot, ce n’est pas une armée, ni la guerre, on doit se battre avec d’autres armes et à la fin c’est le meilleur qui gagne.»
«Un terrain de foot ce n’est pas la guerre. Il suffit de s’inspirer de ce qui s’est passé lors du match Iran - États-Unis où les acteurs se sont embrassés comme des frères après la partie»
Pour lui, le «meilleur», cela sera la Serbie, 1 à 0 ou 2 à 1. «Il n’y a que la victoire qui compte.» A Belgrade, on ne parle que de ce résultat-là…