VTTLa folie du Mountain Bike s’est emparée de la Haute-Savoie
Les Mondiaux des Gets sont une immense fête populaire depuis mercredi. La station a été prise d’assaut et tout le monde a été un peu débordé, dans une joyeuse et festive désorganisation.
- par
- Robin Carrel Les Gets
Franchement, de mémoire de journaliste, je ne me souviens que d’un seul truc pareil, dans ma carrière. Quand on est trop habitué aux compétitions lisses comme le Tour de France, les Mondiaux de foot ou de hockey ou un Euro, ça fait tout bizarre. A part les Mondiaux de cyclisme sur route en Belgique, je n’avais jamais vu une fête aussi intense.
Un tel rassemblement de fous de leur sport. Une communion aussi totale entre des sportifs et leurs supporters. La victoire du Français Loïc Bruni, devant son compatriote Amaury Pierron samedi en descente, a donné lieu à des scènes phénoménales.
Ces instants où rien ne va plus comme ça, quand on doit aller écrire des papiers vite faits pour le web ou le journal du lendemain, ça énerve sur le moment, quand on a de la peine à trouver comment faire tout ça correctement. Mais, le soir, après la bière du juste, on rembobine les images de la journée et on finit par apprécier et avoir quelques étoiles qui traînent au coin des yeux.
Et puis heureusement, tous ces petits tracas du quotidien qui stressent pendant quelques heures sont compensés par la bienveillance et la bonne volonté des responsables sur place, comme par l’ancien collègue Raphaël Crettol par exemple, aujourd’hui à la Fédération suisse, qui fait un boulot de rêve et qui vous permet de lire les exploits des Helvètes.
Des bouchons de piétons
Parce que cette semaine, les Championnats du monde des Gets ont permis aux vététistes d’évoluer à domicile. Et même encore plus que ça. Pas seulement les coureurs français, hein, tant la bicyclette est chez elle dans le coin, entre la station hôtesse et Morzine, un bout plus bas. Ces deux villes à la montagne, très anglo-philes et -phones, culminent à respectivement 1172 et 1001 mètres d’altitude.
Donc, avec le changement climatique et pour égayer les vacances d’été – et même des fois l’hiver parce que les canons à neige ont leurs limites -, on a choisi le vélo pour remplir les hôtels et celui-ci le lui rend bien. Morzine, par exemple, c’est 3000 habitants à l’année et plus de 42’000 en haute saison. Aux Gets, on passe de 1200 à près de 20’000!
Du coup, quand l’UCI vous redonne les Mondiaux de VTT pour la première fois depuis 18 ans et que, ici, on aime autant ces machines, forcément, on peut être sûr que ça va être une immense fête. Problème, on est dans les Alpes françaises et les transports publics y sont moins rares que les Russes en goguette ou les immenses 4x4 de marques à millionnaires - les rares à ne pas pester contre le prix de l’essence. Pire, les organisateurs ont bien pensé à mettre des navettes à disposition, mais seulement depuis le vendredi et à une cadence qui a créé des immenses bouchons de… piétons. Si si, c’est possible.
«Franchement, c’est abusé! Le bruit qu’il y avait au départ, quand on entendait les autres descendre, c’était fou, a savouré la Suissesse Camille Balanche, au terme de la descente de samedi, qui a réuni des dizaines de milliers de spectateurs en furie. Cela faisait du bruit dans toute la vallée! C’est incroyable. Sur mon passage, je n’entendais pas forcément les supporters, mais c’est sûr que c’était super fort. Et puis lors de ma descente, j’ai vu des fans faire la ola, c’était vraiment génial. Ils sont fous! Le public, en France, est incroyable.»
Je confirme. Comme je n’ai pas le permis et que j’avais bêtement compté sur les transports publics pour m’amener à bon port, j’ai dû faire preuve d’ingéniosité pour aller faire mon travail. Comme il fallait oublier les bus, une télécabine et un peu de marche allaient faire l’affaire. Du haut de la remontée mécanique du Pléney de Morzine, même pas besoin de se reposer sur Google Maps. Il suffisait de suivre à l’oreille la compétition de descente des juniors, dont on entendait les spectateurs à des kilomètres. Fou, je vous dis.
Pour ne rien gâcher, les Suisses ont brillé lors des premiers jours de compétition. La descente de samedi n’a malheureusement pas souri à Balanche, qui pensait bien gagner une médaille en descente deux semaines et quatre jours après une fracture d’une clavicule (ça aussi, c’est un peu fou). Dimanche, les Helvètes ne seront pas non plus réellement favoris en VTT cross-country. Il faut de toute façon bien qu’on laisse quelques médailles aux Français et aux autres, non?
Swiss Cycling, de son côté, a prouvé que l’avenir de la nation était radieux dans la discipline en glanant dix médailles entre mercredi et vendredi, chez les juniors, par équipes ou à vélo avec assistance électrique. Bon, avec une seule Romande sur les 44 athlètes de la délégation…