France : Quinze ans de prison requis contre un ex-radiologue accusé de viols

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FranceQuinze ans de prison requis contre un ex-radiologue accusé de viols

Un septuagénaire, radié en 2019 de l’Ordre des médecins et désormais retraité, est mis en cause par plusieurs anciennes patientes, ainsi qu’une secrétaire médicale et une adolescente. 

Les anciennes patientes ont décrit des faits précis, attouchements au niveau des parties intimes ou pénétrations digitales.

Les anciennes patientes ont décrit des faits précis, attouchements au niveau des parties intimes ou pénétrations digitales.

AFP

Quinze ans de réclusion criminelle ont été requis vendredi à Bordeaux contre un ex-radiologue septuagénaire jugé pour des viols et agressions sexuelles sur des patientes qu’il nie en bloc mais qu’il avait érigés en «système» selon l’accusation.

«Le système s’est effondré»

Bassam A., radié en 2019 de l’Ordre des médecins et désormais retraité, est accusé par huit femmes, d’anciennes patientes mais aussi une secrétaire médicale et une adolescente à l’époque des faits. Dans un réquisitoire de près de deux heures, l’avocate générale s’est attachée à démontrer que «chacune de ces femmes» traumatisées qui ont raconté à la barre leur calvaire a «dit vrai».

Elle a mis en avant leur démarche «courageuse», leurs déclarations précises et les expertises permettant de remettre en cause les pratiques médicales du radiologue. Elle a aussi exclu qu’elles aient pu comploter pour nuire au médecin, comme l’a suggéré ce dernier. La représentante du ministère public a dénoncé «un système A., un mode de vie A.» reposant sur l’emprise et utilisant «un double pouvoir». Le pouvoir «du statut de médecin et celui de l’argent qu’il gagne pour pervertir la relation aux femmes», a-t-elle expliqué, en référence aux nombreux cadeaux que l’homme faisait à son entourage et ses salariés. «Le système s’est effondré, c’est fini», a dit l’avocate générale en regardant l’ancien radiologue de Langon (Gironde), âgé de 71 ans, contre lequel elle a aussi demandé un suivi socio-judiciaire de cinq ans.

«Il a bousillé ma vie»

Parmi les plaignantes, une ancienne patiente, âgée de 31 ans, avait expliqué devant la cour ne plus avoir de «vie sentimentale» depuis six ans à cause de l’accusé: «Il a bousillé ma vie, je ne sais pas si j’arriverai à faire un jour confiance à un homme». En 2016, lors d’un rendez-vous pour une échographie avec le médecin, elle dit avoir subi des massages au niveau des parties intimes et des positions dérangeantes. «J’aurais pu crier mais je n’ai pas réussi», a-t-elle confié. Aujourd’hui, «le sentiment de honte existe toujours» chez la trentenaire qui évoque «crises d’angoisse» et insomnies.

Sa plainte, déposée le jour même pour agression sexuelle, et celle d’une autre patiente ont déclenché la procédure judiciaire contre le praticien. D’autres témoignages ont étayé les plaintes déposées entre 2016 et 2019. Mais trois femmes se seraient auparavant signalées auprès de l’Ordre des médecins de la Gironde, entre 2002 et 2013, sans effet.

«Coup monté»

Ses anciennes patientes ont décrit des faits précis, attouchements au niveau des parties intimes ou pénétrations digitales. Mais à la barre, Bassam A. a fermement contesté. Il a expliqué sa façon de travailler avec de grands gestes, réfuté des actes qu’il aurait commis, invoqué des raisons médicales pour nier avoir été en érection au contact de certaines femmes, expliquant qu'»un patient peut très bien imaginer». Son avocat Me Alexandre Novion a évoqué des «fantasmes» qui ont pu naître et alimenter des plaintes supplémentaires.

L’ex-radiologue a aussi été accusé par une ancienne secrétaire d’attouchements sur son lieu de travail, à l’instar d’autres collègues qui n’ont pas porté plainte. Bassam A. a jugé qu’il s’agissait d’un «coup monté», répétant sans cesse être un homme généreux financièrement, ayant toujours «donné à tout le monde» et à ses employés. La fille d’une ancienne secrétaire qui fut sa maîtresse, âgée de 15 ans à l’époque, a aussi accusé de viol ce médecin avec lequel elle pensait entretenir «une relation de confiance».

Pour une avocate de parties civiles, Me Sabrina Lathus, le procès doit servir à dire aux victimes «qu’elles n’ont pas rêvé». Le verdict est attendu lundi.

Victime ou témoin d’une agression sexuelle?

(AFP)

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