Économies publiquesBienne se serre la ceinture, et ça fait mal!
L’équilibre financier passe par une augmentation de la quotité d’impôts associée à une baisse des prestations.
- par
- Vincent Donzé
À Bienne, les acteurs culturels sont montés aux barricades, avant même la présentation du programme budgétaire baptisé «Substance 2030». Depuis mercredi, on sait que le paquet d’économies prévu touchera bien d’autres institutions, comme le Festival international d’échecs qui débutera dimanche prochain le moral dans les chaussettes, mais il est aussi prévu d’abandonner l’organisation de la fête nationale.
Avec ses trois collègues Glenda Gonzalez Bassi, Lena Frank et Beat Feurer - la directrice des Finances Silvia Steidle étant convalescente -, le maire Erich Fehr a posé les bases de finances saines. Facturer les collations 1 franc dans les crèches et à la journée continue: il n’y a pas de petites économies. Il est aussi prévu de réduire le service hivernal sur les routes, de ne plus nettoyer les écoles le soir et de ne pas augmenter le salaire des fonctionnaires.
Diversité culturelle
Les plus prompts à réagir étaient les acteurs culturels, mais la directrice de la culture Glenda Gonzalez Bassi a précisé que les économies seront limitées dès 2024 aux aides ponctuelles «dans le champ de la création», une décision qui n’a pas été prise «de gaieté de cœur». «La création est importante pour la diversité culturelle», a-t-elle martelé.
Pas question pour Glenda Gonzalez Bassi de fragiliser davantage des institutions sevrées de public par la pandémie passée et peut-être future. Ainsi, le «Théâtre Orchestre Bienne Soleure» et son orchestre symphonique passent entre les gouttes. Problème pour les spectacles ponctuels: le Canton aligne ses subventions à celles de la Ville.
Finances saines
Le programme de stabilisation budgétaire «Substance 2030» prévoit d’économiser chaque année environ 25 millions de francs au budget municipal d’ici 2026. Le Conseil municipal s’est dit «convaincu que seules des finances saines permettront de poursuivre le développement de Bienne».
Le point sensible en votation populaire sera la hausse prévue de la quotité d’impôt, une mesure qui vaut 10 millions de recettes. Le Conseil municipal souhaite fixer la quotité d’impôt à 1,78, soit une augmentation de 1,5 dixième qui se traduirait par une augmentation d’environ 20 francs par mois pour un revenu imposable de 50 000 francs sans fortune et de 140 francs par mois pour un revenu imposable de 200 000 francs et pour un patrimoine de 2 millions de francs.
Les investissements seront réduits, notamment dans les écoles: «Chaque investissement génère des coûts d’amortissement et des intérêts à payer», ont expliqué mercredi les conseillers municipaux.
Au total, le Conseil municipal propose 160 mesures qu’il prévoit de mettre en œuvre progressivement jusqu’à atteindre un allégement de 4,6 millions en 2023, de 8,6 millions en 2024, de 12,4 millions en 2025 et de 13,6 millions en 2026.
Draconiennes
«Malgré des mesures parfois draconiennes pour les personnes directement concernées, il a été possible d’éviter des pertes de qualité importantes dans les services à la population», assurent les autorités.
Les mesures applicables en 2023 ont été intégrées au budget soumis au Conseil de Ville, puis au peuple le 27 novembre prochain. Le Conseil municipal soumettra séparément aux parlementaires toutes les mesures décidées pour les années 2024, 2025 et 2026. «Si le programme «Substance 2030» ne peut pas être concrétisé comme prévu, les capitaux propres de la Ville s’épuiseront rapidement», prévient l’Exécutif biennois.