Qatar 2022: Trois questions pour préparer Suisse – Cameroun

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Qatar 2022Trois questions pour préparer Suisse – Cameroun

L’équipe nationale entre enfin en lice dans cette Coupe du monde 2022. Est-elle favorite? Qu’attendre du Cameroun? Comment gagner le match? Trois thèmes chauds à soulever.

Valentin Schnorhk Doha
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Valentin Schnorhk Doha
Murat Yakin peut se gratter la tête: son équipe de Suisse saura-t-elle aborder de la meilleure des façons cette Coupe du monde au Qatar?

Murat Yakin peut se gratter la tête: son équipe de Suisse saura-t-elle aborder de la meilleure des façons cette Coupe du monde au Qatar?

AFP

C’est finalement au tour de l’équipe de Suisse d’entrer en lice. C’est au cinquième jour que cela finit par intervenir. La patience serait une vertu. Elle se conjugue avec l’impatience de savoir ce que cette équipe nationale de Murat Yakin donne vraiment dans la plus grande des compétitions de football.

Ce match contre le Cameroun, jeudi à 11 heures (heure suisse), apparaît comme celui qui doit en dire plus. Lever des doutes, peut-être. Attester des certitudes, ce serait mieux. Pour se mettre déjà dans le match, trois questions chaudes, mais pas forcément des réponses.


La Suisse est-elle favorite?

Un statut à assumer, une histoire récente à confirmer. Le costume avec lequel l’équipe de Suisse se présente à cette Coupe du monde est à prendre au sérieux. 15e nation FIFA, membre du deuxième chapeau lors du tirage au sort, toujours qualifiée lors des grands tournois depuis l’Euro 2004 (à l’exception de l’Euro 2012), l’équipe nationale arrive au Mondial en habituée. Les deux 8es de finale sur lesquels elle reste, ainsi que le quart de finale obtenu à l’Euro 2020, en font même une aspirante au club VIP.

«Nous avons une des meilleures équipes de Suisse qui ait jamais existé»

Murat Yakin, sélectionneur de l’équipe de Suisse

La Suisse, de fait, est à la Coupe du monde pour viser a minima une qualification pour le prochain tour. Tout autre résultat, qu’importe la manière, sera à juste titre considéré comme un échec pour Murat Yakin. C’est bien l’enjeu pour le sélectionneur. Il a pris la suite de Vladimir Petkovic il y a un peu moins d’un et demi, et on lui demande de faire aussi bien. En seize matches, Yakin a déjà montré être capable de bâtir une équipe à même de réaliser de belles performances: qualifiée directement pour le Mondial devant le champion d’Europe italien, victorieuse notamment du Portugal et de l’Espagne en Ligue des nations.

Cela inspire Murat Yakin. «Nous avons une des meilleures équipes de Suisse qui ait jamais existé, avec Granit Xhaka en tant que capitaine, a asséné le sélectionneur. Nous avons d’excellents joueurs, certains évoluant à l’étranger. Je suis convaincu que nous allons faire une excellente Coupe du monde.» Confiance totale. Légitime? Pas sûr.

Il reste ce doute, cette tendance à parfois s’éparpiller, à oublier son jeu, face à des adversaires qui ne sont pas plus forts. Et c’est bien l’enjeu de ce premier match contre le Cameroun: imposer son jeu, le maîtriser, quand bien même les Lions indomptables comptent dans leurs rangs d’excellents éléments, eux qui ont terminé 3es de la dernière Coupe d’Afrique des Nations.

Rien n’est vraiment négligeable, donc, surtout une semaine après que la Suisse a perdu 2-0 lors de son seul match amical contre le Ghana. Se pose donc la question de l’équipe à aligner. Elle doit forcément se rapprocher de l’équipe-type déjà dessinée par Yakin lors du mois de septembre. La défense à trois? On devrait oublier. Ce sera probablement un 4-3-3, pouvant se transformer en 4-2-3-1, avec un milieu composé de Granit Xhaka, Remo Freuler et Djibril Sow. Xherdan Shaqiri, manifestement à court de forme, devrait être aligné sur le côté droit par le sélectionneur, pendant que Ruben Vargas devrait trouver une place à gauche. Au détriment de Noah Okafor, relégué au rôle de joker.

L’équipe probable de la Suisse: Sommer; Widmer, Akanji, Elvedi, Rodriguez; Freuler, Xhaka, Sow; Shaqiri, Embolo, Vargas.


Le Cameroun est-il seulement une équipe «physique»?

Rigobert Song est le sélectionneur du Cameroun, qui a terminé troisième de la dernière Coupe d’Afrique des nations.

Rigobert Song est le sélectionneur du Cameroun, qui a terminé troisième de la dernière Coupe d’Afrique des nations.

AFP

Parfois, les clichés ont la peau dure. L’équipe africaine serait naturellement et par essence physique. «Ce n’est pas faux, c’est une équipe difficile à affronter sur ce plan-là», a acquiescé Breel Embolo mardi. Il y a des vérités: il y a de beaux gabarits dans la sélection camerounaise. Il y a aussi des joueurs capables d’être actifs sans la balle. La sélection de Rigobert Song a également parfois pressé lors des derniers matches.

Même si du côté du staff de l’équipe de Suisse, on a eu du mal à lire précisément les Lions indomptables. L’approche et les joueurs tendent à changer beaucoup en fonction de l’adversité. Reste qu’il y a quelques tendances qui se sont retrouvées lors de la dernière CAN, disputée à domicile. Elle y avait montré sa volonté d’avoir le ballon et à le conserver, afin d’amener progressivement le ballon dans le dernier tiers. Le milieu de Naples Franck Zambo Anguissa doit y contribuer, lui qui réalise un excellent début de saison. Autrement dit, le Cameroun est à même d’avoir une production offensive intéressante, même si pas toujours fluide.

«Le Cameroun a de super attaquants, il ne faudra pas les laisser seuls»

Murat Yakin, sélectionneur de la Suisse

Reste qu’il y a une donnée qui vient valider la thèse: le Cameroun recourt très souvent aux centres. Il les recherche. Et là, il peut y avoir danger. Avec Vincent Aboubakar ou Eric Choupo-Moting, notamment, qui peuvent aussi imposer leur physique. Les deux joueront-ils? Pas sûr. Si Rigobert Song n’a rien révélé en conférence de presse, la tendance est plutôt à soit l’un, soit l’autre. En match amical contre le Panama (1-1) la semaine dernière, le premier était titulaire et le second remplaçant. Mais c’est bien le second qui avait marqué le seul but camerounais de la rencontre. Cela pourrait bien jouer en la faveur du joueur du Bayern Munich.

«Le Cameroun a de super attaquants, a reconnu Yakin. Il ne faudra pas les laisser seuls. Nous devrons être attentifs en défense, mais aussi attaquer de manière agressive.» Cela suppose une certaine débauche physique.

L’équipe probable du Cameroun: Onana; Fai, Castelletto, Nkoulou, Tolo; Hongla; Mbeumo, Anguissa, Gouet, Toko Ekambi; Choupo-Moting (ou Aboubakar)


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La clé tactique: est-il possible de presser le Cameroun?

Parole de Murat Yakin, même quand ça ne ressemble pas forcément à sa façon d’appréhender le football: «Je m’habitue à ce que l’équipe de Suisse soit dominante, a-t-il souri mercredi en conférence de presse. J’ambitionne donc qu’on le soit, plus que l’adversaire, même si celui-ci voudra aussi l’être. Nous devrons créer du jeu, chercher des combinaisons, agir avec confiance.» Autrement dit, l’équipe nationale voudra avoir le ballon jeudi. Elle doit pouvoir en être capable.

Mais le Cameroun, on l’a dit plus haut, aime également l’avoir. Surtout, il sort le plus souvent de manière courte, en misant notamment sur la qualité de relance d’André Onana, son gardien. La Suisse doit sans doute s’être préparée. Tiens, lors des derniers matches qu’elle a disputés, elle a le plus souvent cherché à placer un bloc haut, pressant même.

Il y a des automatismes: pour composer avec Shaqiri, elle a une approche qui lui est propre. L’attaquant sélectionné (ce sera vraisemblablement Embolo jeudi) et Shaqiri forment comme une attaque à deux, qui cadre les deux défenseurs centraux adverses. Au milieu, on est dans le un contre un. Par conséquent, l’axe est bloqué et les deux «attaquants» cherchent à orienter la passe vers l’extérieur. Ainsi, lorsqu’elle arrive sur le latéral droit adverse, Ruben Vargas sort. Quand c’est le latéral gauche, la tâche revient à… Silvan Widmer, malgré sa position de latéral droit.

André Onana (en rouge) se plaît à participer à la relance en créant le surnombre entre ses défenseurs. Faut-il donc le presser, sachant son habileté à jouer très long?

André Onana (en rouge) se plaît à participer à la relance en créant le surnombre entre ses défenseurs. Faut-il donc le presser, sachant son habileté à jouer très long?

C’est la théorie. Mais pourrait-elle mise à mal par la pratique pour ce premier match de Coupe du monde? Imaginons seulement: un bloc haut suisse, en marquage individuel. N’est-ce pas une invitation à un long ballon pour André Onana, le portier de l’Inter étant capable d’envoyer le cuir très loin dans la profondeur? Il faudra savoir gérer cette donnée. Notamment dans le dos du duo côté gauche, qui sera sans doute composé de Nico Elvedi et Ricardo Rodriguez.

Et puis, dans le cas où la Suisse attendrait, Onana ne se priverait pas de créer un surnombre avec ses défenseurs centraux. Il y a là un joli défi qui attend l’équipe nationale. Un défi tactique.

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