Open d’AustralieHolger Rune et Severin Lüthi, ça commence mal
Avec l’ancien entraîneur de Roger Federer dans son box, le Danois a pris la porte dès le 2e tour, tombé sur un Arthur Cazaux en feu.
- par
- Jérémy Santallo
C’est un nouveau couple – ou plutôt devrait-on écrire un ménage à trois avec Boris Becker, absent à Melbourne – et les deux hommes vont se découvrir avec le temps. Mais le début de la collaboration entre la jeune star danoise Holger Rune (20 ans) et l’entraîneur historique de Roger Federer pendant 15 ans, Severin Lüthi, ne s’est pas du tout déroulé comme prévu, sur le plan des résultats, à l’Open d’Australie.
Contre toute attente, le No 8 mondial, souvent cité parmi les outisiders pour ce premier «Majeur» de la saison, a subi la loi (7-6, 6-4, 4-6, 6-3) de l’invité français Arthur Cazaux (21 ans, 122e), son rival chez les juniors. Pendant les 3h22 de match dans la Margaret Court Arena, Holger Rune a semblé sans inspiration – quatre petites balles de break à se mettre sous la dent – face à un Cazaux qui a joué le tennis de sa vie – 18 aces et 51 coups gagnants. De quoi expliquer la première sensation vécue dans ce tableau masculin.
Sur ses réseaux sociaux, quelques jours avant Noël, Holger Rune avait annoncé l’arrivée de Lüthi dans son équipe, au sortir d’un bloc d’entraînements à Monte-Carlo, lui qui avait déjà incorporé l’ex-joueur allemand Boris Becker à son clan pour les Swiss Indoors de Bâle. «Roger (Federer) était mon idole d’enfance, c’est incroyable d’avoir un peu de lui dans mon équipe», expliquait le Danois après sa victoire au 1ᵉʳ tour à Melbourne.
Quelques jours plus tôt, lors du «Media Day», le vainqueur du Masters 1000 de Paris-Bercy à l’automne, où il avait dominé Novak Djokovic en finale, avait raconté la genèse de cette entente: «J’ai pensé à retoucher mon équipe après l’US Open et on a commencé à parler avec Severin. On a fait deux semaines ensemble à Monaco pour voir comment cela se passait et on a tous les deux aimés. C’est comme ça que tout a commencé.»
20 semaines par an
Débarqué en Australie le 7 janvier, Lüthi ne devrait pas être sur la route plus de 20 semaines par an. C’était son souhait pour préserver son équilibre entre son travail et sa vie familiale. «Je vais réfléchir pour qui je quitte la maison, nous disait-il lors d’une rencontre à Roland-Garros au printemps dernier. D’abord, il faut que ce soit un bon gars, qu’il écoute et ait envie de progresser. Cela ne m’intéresse pas de gagner beaucoup d’argent si la personne n’est pas motivée. Mais il faut quand même que le joueur soit prêt à payer le prix, comme moi je le suis à m’investir.»
Il semble que Holger Rune cochait toutes les cases requises. Le sélectionneur de l’équipe de Suisse de Coupe Davis doit désormais apprivoiser son nouveau rôle auprès du fougueux Rune et de sa très présente mère Aneke. Mais il semble convaincu. «Holger est différent de nombreux joueurs, a dit Lüthi au «Tages-Anzeiger» avant les fêtes. Il est prêt à quitter sa zone de confort, à se développer davantage. Cette volonté est rare, surtout chez les jeunes professionnels qui réussissent très tôt.»