JO 2022Quelles seront les stars des Jeux de Pékin?
Sur la neige et sur la glace, des individualités se profilent comme des futures vedettes des joutes chinoises. Notre Top 10.
- par
- Christian Maillard Pékin ,
- Sylvain Bolt Pékin ,
- Robin Carrel Pékin ,
- Cyrill Pasche Pékin ,
- Emmanuel Favre Pékin
Lara Gut, pour boucler le palmarès
Si elle a enfin vaincu la malédiction, l’an passé, à Cortina d’Ampezzo, en remportant deux titres de championne du monde qui lui échappaient depuis qu’elle s’était révélée au plus haut niveau en 2009 avec deux médailles d’argent à Val d’Isère, Lara Gut-Behrami est toujours à la recherche du Graal aux JO.
Médaillée de bronze en descente à Sotchi en 2014, alors qu’elle était la grande favorite, juste derrière Dominique Gisin et Tina Maze, puis quatrième du super-G lors de ces mêmes Jeux tandis que le titre lui était aussi promis, la Tessinoise, qui ne s’appelait pas encore Behrami, est poursuivie par la malchance dès qu’elle souhaite plonger la tête la première dans les anneaux.
Blessée et opérée en 2009 juste avant les JO de Vancouver, et encore quatrième il y a quatre ans à PyeongChang en super-G, celle qui compte 64 podiums en Coupe du monde, dont 34 victoires et un gros globe de cristal, mériterait, à 31 ans, de combler ce manque durant cette quinzaine à Pékin, que ce soit lundi en géant, vendredi lors du super-G ou dimanche prochain en descente.
Shaun White pour une sortie en apothéose
La «Tomate volante» va faire vibrer les foules pour la dernière fois sur la scène olympique. L’Américain, doré en 2006, 2010 et 2018 est certes un peu moins impérial que du temps de sa splendeur, mais il reste une légende. Il a dû s’employer pour se qualifier, mais ce n’est pas ça qui va lui faire peur. Shaun White avait, en effet, été opéré deux fois du cœur avant l’âge d’un an, pour soigner une malformation cardiaque.
Son palmarès est long comme un déplacement en bus entre deux sites de Pékin 2022. Il s’est imposé 13 fois lors des X-Games d’hiver sur sa planche à neige et deux fois lors des X-Games d’été sur sa planche à roulettes. Son mentor, depuis ses 9 ans, n’est autre que Tony Hawk.
Le Californien est aussi doué guitare en main. En 2013, avec son groupe «Bad Things», il avait joué au mythique festival de Lollapalooza. Le nom de son «band» était peut-être prémonitoire. Deux ans plus tard, il avait été poursuivi pour harcèlement sexuel par la batteuse de son groupe. Une affaire réglée «à l’amiable». Comprenez «par un arrangement financier en faveur de la plaignante».
Petra Vlhova en quête d’une première médaille
Lauréate du général de la Coupe du monde, Petra Vlhova s’est déjà assuré le petit globe de slalom cette saison. Mais cet hiver, elle n’a qu’un objectif en tête: décrocher au moins un titre olympique. La Slovaque, qui a enfilé six médailles mondiales autour de son cou, n’a jamais ramené de métal olympique. En engageant le Suisse Mauro Pini, la skieuse de Liptovsky Mikulas s’est donné les moyens de ses ambitions et n’a pas hésité à faire l’impasse sur plusieurs épreuves de Coupe du monde pour répéter ses gammes. «Nous avons travaillé notamment son approche mentale et Petra sait exactement dans quelle direction elle veut aller», nous a confié son coach tessinois, qui a notamment organisé un stage de préparation aux États-Unis en choisissant une neige assez similaire à celle de Yanqing. Pari gagnant?
Marco Odermatt en mode patron
Le skieur nidwaldien débarque, comme tous ses adversaires, dans l’inconnu de pistes inédites. Mais lui a des certitudes: c’est le meilleur skieur du monde actuellement. Le Suisse est notamment intraitable en géant: quatre victoires et une deuxième place en cinq épreuves. Mais le skieur de 24 ans a aussi bluffé la concurrence avec des podiums en descente (2e à Bormio, Wengen et Kitzbühel) et en super-G (victoire et 2e place à Beaver Creek et 2e place à Wengen). «Mon grand rêve est de décrocher une médaille olympique, peu importe la discipline, nous a-t-il confié au terme du premier entraînement de descente. Mais il faut que tout soit réuni le jour J.»
Après être rentré bredouille des Mondiaux de Cortina, le Nidwaldien se dit prêt cette fois prêt à gérer la particularité d’un long événement. En course pour plusieurs globes de cristal, «Odi» peut aussi être l’une des stars des JO.
Yuzuru Hanyu, la rock star
Dans son pays, les filles craquent toutes ou presque pour lui. Champion olympique de patinage artistique à Sotchi et à PyeongChang, Yuzuru Hanyu est une rock star au Japon. Comme l’était Stéphane Lambiel à son époque, qui ne pouvait pas faire un pas devant l’autre sans être assailli par des admiratrices nippones, ce prince charmant de 27 ans, dont les revenus annuels sont estimés à 12 millions de francs, est surtout un phénomène une fois qu’il enfile ses patins et qu’il saute sur la glace. Sa grâce, sa rapidité et son agilité technique ne peuvent laisser personne indifférent.
À Pékin, celui qui collectionne les peluches de Winnie l’Ourson, sa mascotte, va probablement tenter un quadruple axel pour être le premier homme à réussir cet exploit et s’offrir dans la foulée un troisième sacre olympique d’affilée qui serait aussi une première.
Après une blessure à une cheville et une grosse dépression, la star, qui a failli tout laisser tomber, a choisi le «Ciel et la terre», la bande originale d’une saga japonaise, pour ajouter des étoiles sur son chef-d’œuvre ou le couronnement de sa carrière.
Mikaela Shiffrin en quête d’excellence
À 27 ans, Mikaela Shiffrin a tout gagné ou presque. Double championne olympique, de slalom à Sotchi et de géant à PyeongChang, sans oublier de l’argent dans le combiné en Corée du Sud derrière Michelle Gisin, il ne manque que du bronze à la collection de Mikaela Shiffrin. Mais c’est avant tout une consécration en descente ou en super-G qui l’intéresse pour étoffer un palmarès déjà exceptionnel.
Pour l’Américaine du Colorado, qui ambitionne de s’aligner sur cinq épreuves à Yanqing, où elle peut à chaque fois viser le podium, c’est surtout l’or la matière qu’elle préfère. À l’instar de son petit ami, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde, la sextuple championne du monde, qui compte déjà 116 podiums en Coupe du monde dont 73 victoires et trois globes de cristal, ne recherche que l’excellence. Surtout aux Jeux olympiques. Surtout pour une Américaine où dans son pays il n’y a que cette grande compétition planétaire qui compte.
Charles Hamelin, le vétéran compétitif
Avec sa collection de cinq médailles (trois en or, une en argent et une en bronze) amassées depuis les Jeux olympiques de Turin en 2006, le Canadien Charles Hamelin (37 ans) a l’occasion, à Pékin, de se rapprocher du record en short-track détenu par le Sud-Coréen devenu russe Ahn Viktor Ahn/Ahn Hyun-Soo (8).
Porte-drapeau du Canada (avec la hockeyeuse Marie-Philip Poulin), le Québécois est le fer de lance de la très réputée délégation nationale de patinage sur courte piste et est susceptible de devenir l’athlète le plus médaillé de l’histoire des JO d’hiver de son pays. Comme lui, les retraités Marc Gagnon et François-Louis Tremblay ont accédé à cinq reprises à un podium. «Pour une jeune comme moi, nous avait dit sa coéquipière Courtney Sarault (21 ans), Charles est un modèle de persévérance et de longévité, un guide vers l’excellence.»
Eileen Gu, la machine à gagner
Vous en voulez, de la star? Voici la star de ces JO. Eileen Gu (18 ans) est une très improbable Chinoise, née à San Francisco de père américain. Sa mère avait émigré aux USA pour étudier et la top model, qui fait partie des 30 personnes de moins de 30 ans les plus influentes de la planète selon «Forbes», en a profité pour porter les couleurs de l’empire du Milieu en compétition.
La freestyleuse va être une des athlètes les plus décorées de ces Jeux, elle qui vient de gagner son premier globe de cristal et qui sort de X-Games parfaitement réussis (or en halfpipe et en slopestyle, bronze en big air). L’Américano-Chinoise, c’est aussi trois médailles aux derniers Mondiaux FIS d’Aspen (or, or, bronze) et autant aux JOJ de Lausanne l’année dernière (or, or, argent).
À Pékin, elle est partout. Sur les murs de la ville, dans les publicités et même… sur les sacs recyclables qu’on vous offre quand vous achetez quelque chose sur un site de compétition. Eileen Gu, représentée par l’agence de mannequins IMG Models, c’est 258’000 abonnés sur Instagram et sa propre colonne dans le «New York Times».
Perrine Laffont, le phénomène
Attention, prodige! L’Ariégeoise perpétue parfaitement la lignée des «bosseurs» de l’Hexagone, dans la foulée d’Edgar Grospiron, la star des JO d’Albertville. Perrine Laffont avait participé aux JO de Sotchi à seulement 15 ans (5e des qualifications, 14e en finale) et le phénomène était lancé.
La Française a gagné son premier concours de Coupe du monde en février 2016, à même pas 18 printemps. Elle en alignera 24 en tout, ce qui lui a valu la bagatelle de six globes de cristal. Vous pouvez ajouter sur son CV trois titres mondiaux et l’or olympique à PyeongChang en 2018. Et elle n’a que 23 ans…
La native de Lavelanet, comme un certain Fabien Barthez, s’est tout de même fait une grosse frayeur sur la route de Pékin. En décembre, elle a lourdement chuté devant son public de l’Alpe-d’Huez et en a été quitte pour une grosse commotion. À peine trois semaines plus tard, au Mont-Tremblant, elle renouait à la compétition en fêtant une belle 2e place. Quelle santé!
Marie-Philip Poulin, la Sidney Crosby au féminin
La capitaine du Canada Marie-Philip Poulin est au hockey féminin ce que Sidney Crosby est au hockey masculin. Double championne olympique (2010 et 2014) et médaillée d’argent des JO 2018, la Québécoise de 30 ans est la grande vedette de la sélection à la feuille d’érable et surtout la femme des grandes occasions: deux buts en finale à Vancouver en 2010, deux autres quatre ans plus tard à Sotchi, dont celui de la victoire en prolongation, toujours contre les Américaines, les rivales éternelles.
L’ancienne joueuse timide qui ne parlait pas beaucoup dispute en Chine son quatrième tournoi olympique. Elle est entre-temps devenue la capitaine de l’équipe nationale, une icône de son sport et le visage du hockey féminin. À Pékin, Marie-Philip Poulin est en mission: elle tentera de récupérer l’or perdu aux mains des Américaines en finale des JO de PyeongChang en 2018. Et lorsqu’il sera encore question de marquer un but gagnant en finale olympique, c’est vers elle que tous les regards se tourneront. Comme d’habitude.