FootballJorge Sampaoli: «Les Bâlois, on les a étudiés»
L’entraîneur de l’OM Jorge Sampaoli voit comme un défi la réception de Bâle, jeudi, en 8e de finale de l’Europa Conference League.
- par
- Robin Carrel Marseille
Dans la vie de journaliste sportif, comme dans la vie de chacun, il y a plusieurs «choses à voir avant de mourir», cochées selon les caractères et les goûts des gens. Quand on suit le football pour le boulot, une conférence de presse de Jorge Sampaoli est à coup sûr à ne pas rater.
Alors mercredi, avant la partie de l’Olympique de Marseille contre Bâle prévue le lendemain, on s’est pointé au Vélodrome pour écouter le coach, engoncé dans son bonnet et planqué derrière un grand pupitre pour pouvoir juger sur pièce. Pas déçu, surtout du travail de la traductrice espagnol français qui doit suer certains jours comme ce mercredi…
Comment ça va?
Moi, je suis content. Des moments difficiles comme ceux que nous sommes en train de vivre me permettent d’apprendre, de devenir plus fort, de travailler encore davantage. Ils me permettent de foncer pour trouver des solutions, une voie à suivre pour gagner des matches. Et je pense que j’ai les outils pour le faire, pour trouver une réponse à nos problèmes. Ce qui est positif, c’est notre jeu. Il est possible de retrouver la victoire, mais pour ça, il faut nous montrer plus déterminés. On est assez bons sur le terrain, mais il manque quelque chose dans les derniers mètres, de façon individuelle comme en équipe. Et ce n’est pas seulement ces derniers temps. On est l’équipe qui a le plus de possession de balle du championnat. On est celle qui se crée le plus d’occasions de la Ligue 1. Mais on n’arrive pas à transformer cette domination en buts et c’est comme ça qu’on perd des matches. Ce manque de concrétisation dans les derniers mètres doit être changé, si on veut aller de l’avant et continuer dans cette compétition.
Qu’attendez-vous du jeu de vos latéraux Valentin Rongier et Luan Peres? Contre Monaco, il était dommage de se priver de la qualité de centres de Pol Lirola et de Sead Kolasinac, non?
Il faut se pencher sur les statistiques et pas seulement sur le résultat. Les occasions des joueurs adverses ne sont pas venues de ce type de situations. Moi je ne regarde pas Luan ou Rongier, je scrute surtout l’aspect global de l’équipe. Rongier, il fait une très bonne année, avec beaucoup de réussite et de passes positives dans le jeu. On avait ça en tête en l’alignant dimanche. Peres, lui, est un latéral plutôt central. Il nous permet d’avoir plus de supériorité dans cette zone du terrain. C’était ça notre idée: un latéral central et un autre qui communique davantage avec le milieu du terrain. Ces derniers mois, on essaie de faire jouer les éléments qui sont les plus en forme, pour gagner des matches, tout en essayant de garder la forme de tout le monde jusqu’au terme de la saison.
Que travaillez-vous, quand votre équipe traverse une telle spirale négative?
C’est vrai que, en ce moment, c’est comme ça. Il y a l’exigence et l’obligation de gagner, ce qui génère de la pression. En prime, quand on ne remporte pas les rencontres, il y a un sentiment de frustration qui peut naître chez certains. On est une équipe jeune, en plus… Contre Monaco, on a fait une bonne première mi-temps et ça, il ne faut pas l’oublier. Il faut aussi se rendre compte que moi je suis là depuis un an et, quand je suis arrivé, les supporters mettaient le feu à notre centre d’entraînement… Du coup, c’est difficile pour les joueurs d’évoluer libérés quand c’est comme ça. D’avoir toute cette pression autour du club, ça donne la peur de perdre et on ne peut pas bien jouer dans ces moments-là. Il faut donc renforcer nos capacités, nos qualités. Le résultat, OK, c’est important, mais il faut jouer sans peur. Moi ce que je veux, ce à quoi je pense, c’est à l’OM. Je ne pense pas aux joueurs, au président ou aux supporters, je ne pense qu’à l’OM. Je veux qu’il aille le plus haut possible. Jeudi, contre le FC Bâle, ce sera un gros match et on doit rentrer sur le terrain avec l’idée d’être protagoniste, sans avoir peur de l’échec. C’est dur, mais ça forme la jeunesse. On doit travailler là-dessus pour arriver à se libérer.
En face, avec Guillermo Abascal, le FC Bâle a un jeune entraîneur espagnol de 32 ans. Que pensez-vous de ce jeunisme dans la profession. Vous avez étudié son jeu?
C’est vrai qu’il est dans cette nouvelle lignée de jeunes coaches, qui arrivent aux commandes d’équipes et qui ont beaucoup d’idées et d’envie. Moi, je suis d’une autre époque, mais ça m’oblige à m’adapter constamment, pour être au niveau quand il faut les affronter. L’entraîneur bâlois est très intelligent et c’est bien pour lui de se trouver ainsi à la tête d’une grande équipe comme ça. Les Bâlois, on les a étudiés. On sait comment ils attaquent, comment ils défendent, leur manière de jouer en transition, leur utilisation des espaces…
Vous avez dit comprendre les sifflets des supporters, mais qu’ils regardaient trop les résultats et pas assez la manière. On a l’impression qu’il y a cette fois une cassure. Vous comprenez ou vous trouvez que c’est exagéré?
Votre question peut être un peu résumée par ce que j’ai dit un peu avant. Mais certaines personnes se sentent au-dessus du club… Il ne faut pas oublier que nous avons été 2es une bonne partie de la saison, devant beaucoup d’équipes établies comme Lyon, Lille, Monaco, Lens et c’est quelque chose de bien. Au final, nous, ce dont on a besoin c’est de soutien. D’être poussés. Surtout les jeunes. Beaucoup de joueurs sont partis l’été dernier et on oublie trop souvent quels sont nos vrais objectifs. Maintenant, c’est une bonne chose de pouvoir jouer cette Europa Conference League et de nous mesurer à des adversaires internationaux. Nous devons tous rester unis et ne pas commencer à ruminer les choses négatives. On veut obtenir des résultats et, pour ce faire, c’est égal qui est sur le terrain. Il faut qu’on reste tous ensemble. Il y a aussi pas mal de personnes qui n’attendent que notre échec. On doit leur prouver que ça n’arrivera pas.
Votre président a rencontré les groupes de supporters mardi. Vous allez leur parler de votre côté? Vous trouvez que vous avez des comptes à leur rendre?
J’ai parlé avec mon président, mais il ne m’a pas dit qu’ils voulaient me rencontrer. Je ne sais pas, alors je ne peux pas vous répondre.