Approvisionnement électriqueFournisseurs à court de cash en «24 à 48 heures», le scénario du pire
La Confédération prépare une loi urgente pour poser les bases d’une aide étatique en cas de manque de liquidité provoqué par une explosion soudaine des prix du marché.


Le Conseil fédéral est inquiet et redoute un manque de liquidité et prépare un scénario du pire.
20min/Matthias SpicherEn matière d’approvisionnement en électricité, il n’y a pas que la production et la consommation ou les importations et exportations. Il y a aussi l’argent. Et la nouvelle crainte du Conseil fédéral, c’est une très soudaine explosion des prix du marché et qu’une entreprise suisse ne se retrouve à court de cash et ne puisse mener à bien sa mission d’approvisionnement.
Une crise soudaine et rapide
«Cela entraînerait une réaction en chaîne», dit le Conseil fédéral dans un communiqué. «Il faut donc être prêt pour un scénario du pire que personne n’espère», a enchaîné la conseillère Simonetta Sommaruga en conférence de presse jeudi matin. «Tout peut se passer en 24 à 48 heures», a renchéri Benoît Revaz, directeur de l’Office fédéral de l’énergie.
En cause? La guerre en Ukraine et «une volatilité des prix qui a atteint un niveau extrême», a expliqué la conseillère fédérale. «Cette situation entraîne une forte hausse des besoins de liquidités des entreprises électriques, remarque-t-elle. C’est pourquoi le Conseil fédéral prépare un mécanisme de sauvetage pour la branche de l’électricité.»

Une poignée d’entreprises
Le département de Simonetta Sommaruga et celui des Finances d’Ueli Maurer travaillent à la création d’une loi urgente pour poser les bases d’un sauvetage financier des entreprises d’importance critique en cas de crise, une loi qui aura une portée limitée à quatre ans. Elle doit être votée dès la session d’été par le Parlement. «On ne parle ici que de quelques entreprises d’importance critique», a précisé Urs Meister, directeur de ElCom, l’autorité fédérale de régulation dans le domaine de l’électricité.
Mais le Conseil fédéral ne veut pas mettre la main à la pâte tout de suite: si elles sont dans le dur, les entreprises devront d’abord tenter de s’arranger elles-mêmes, notamment avec leurs actionnaires. Les conditions du soutien fédéral seront ensuite strictes afin que nul ne soit «incité» à recourir à l’aide de l’État. «Il y aura notamment des prescriptions sur la transparence et une interdiction de distribuer des dividendes», dit Simonetta Sommaruga. Ce n’est qu’en dernier recours que l’État viendra reflouer les caisses.