FootballDidier Tholot et les petits secrets de la Coupe
Double vainqueur de la Coupe de Suisse comme entraîneur de Sion, le coach français ressemble à un atout maître avant le quart de finale contre Young Boys ce jeudi (20h30).
- par
- Jérémy Santallo Loèche
Le déménagement de l’habituel berlingot de Riddes vers l’hôtel quatre étoiles du golf de Links, à La Souste, ne le fait pas se prendre pour un autre. Attablé à côté de son capitaine Reto Ziegler, avec qui il a partagé le bonheur de soulever une Coupe de Suisse (2015), Didier Tholot connaît l’épreuve comme sa poche pour l’avoir aussi gagnée en 2009 comme entraîneur du FC Sion. Quinze ans après la victoire contre YB en finale, le coach français estime que l’exploit est possible contre YB (20h30) en quarts de finale. À lui désormais de trouver les mots pour sublimer son groupe.
«C’est tout le problème d’un entraîneur: il ne faut pas être prévisible. J’ai une idée en tête sur ce que je vais leur dire avant le match mais elle n’est pas encore complètement définie», a-t-il répondu lorsqu’on l’a lancé sur le sujet. Non loin de lui, son directeur sportif Barthélémy Constantin a manié l’humour à l’heure de révéler une éventuelle intervention présidentielle pour mettre les joueurs face à leurs responsabilités. «Didier a deux ou trois tours dans son sac pour la Coupe, on le laisse gérer!», s’est marré le fils de Christian. Mais pour Tholot, la motivation est toute trouvée. «Si tu ne sais pas en arrivant à Sion l’importance de la Coupe, ça veut dire que tu n’as pas regardé l’histoire du club.»
Avec lui, oubliées les séances enfermées entre quatre murs. Pour aller distiller ses derniers conseils ou faire basculer un joueur dans un autre état mental pour le grand soir, le technicien préférera l’intercepter entre deux plats dans la salle à manger ou lors d’une balade sur l’interminable parcours de golf de leur mise au vert. «Je ne fais pas de rendez-vous dans mon bureau, dévoile-t-il. Parce que c’est une approche qui te renvoie l’autorité. J’y vais quand je le sens, en bord de terrain ou ailleurs. C’est plus constructif, je trouve.»
À en croire Reto Ziegler, c’est dans cette préparation saupoudrée de spontanéité que résiderait le «secret» de Tholot. «Il est très fort pour déceler les faiblesses chez l’adversaire et nous préparer au mieux par rapport à ça. Il transpire la sérénité et cela déteint naturellement sur le groupe, a répondu le Glandois de 38 ans. Il nous donne aussi des objectifs à atteindre à chaque match, personnels ou en équipe. Après, c’est à nous d’être performants sur le terrain.»
Relâchement, performance
C’est le cas depuis le début de saison: Sion est leader de Challenge League avant 7 points d’avance sur Thoune et a déjà passé trois tours en Coupe. «Il ne faut toutefois pas oublier d’où l’on vient, se remémore Tholot. Nous étions la plus mauvaise défense du pays, on venait de descendre. Là, au final, on a perdu qu’un match cette saison, on enchaîne depuis la reprise après la trêve hivernale et le groupe répond présent. On est assez décontractés et c’est ce que je vais rappeler aux joueurs jusqu’au match: on doit avoir ce relâchement qui te permet de performer à haut niveau mais aussi cette envie de gagner. On doit rentrer sur ce terrain en se disant que l’on va être devant à la fin du match.»
Il fut une époque pas si lointaine – l’année dernière – où l’on ne savait jamais quelle équipe de Sion on allait trouver sur la pelouse. Tholot, lui, sait déjà comment son groupe va se comporter dans le chaudron de Tourbillon. «On est les petits, l’outsider, résume-t-il. Mais connaissant l’état d’esprit de ce groupe, on ne va rien lâcher. Nous allons faire un match complet, sérieux, appliqué et on va essayer de saisir la petite chance que l’on a. Il ne faut pas inverser les rôles. Le grand favori, c’est YB. Nous, on est là pour les faire chuter. On en a les capacités. Il faut désormais le prouver. Après, c’est vrai que cela fait longtemps que les voyants n’avaient pas été aussi verts à Sion pour un tel match.»
Reste désormais au peuple valaisan à s’embraser. C’est du moins ce qu’espère Tholot. «Je suis content d’être là, de jouer chez nous, appuie-t-il. Franchement, c’est le plus important dans ce quart de finale: être à Tourbillon. Quelque chose est en train de se passer avec le public et cela peut encore grandir jeudi.»