JuraFusillade à Delémont: cinq coups de feu «destinés à faire peur»
Parole à la défense dans le procès qui a mis en exergue une rivalité exacerbée entre deux bandes rivales.
- par
- Vincent Donzé
Cinq coups de feu ont été tirés à bout portant d’une voiture avec de la munition d’ex-Yougoslavie, le 28 février 2021 à Delémont. Point culminant d’une rivalité exacerbée entre deux bandes rivales, cette fusillade a fait un blessé et trois prévenus cités à comparaître cette semaine devant le Tribunal pénal, à Porrentruy. Tandis que le procureur réclame des peines de prison de 14 ans contre le tireur, 12 ans contre le chauffeur et 9 ans contre un passager, la défense demande une peine de 36 mois de prison pour le tireur et l’acquittement pour ses complices.
Les prévenus sont accusés de tentative d’assassinat par le procureur, mais l’avocat du tireur plaide pour des lésions corporelles par négligence, sans planification. Utiliser une arme à feu était un geste «totalement irréfléchi, spontané et destiné à faire peur», comme l’a relevé «RFJ».
Selon la radio jurassienne, la défense a précisé que les plaignants n’étaient pas des enfants de chœur, au regard des provocations et des menaces proférées dans un clip vidéo.
«On va le buter»
Des plaignants qui ne sont pas des agneaux, c’est aussi la thèse défendue par une source proche d’un prévenu. Dans un courriel adressé au matin.ch, cette personne affirme qu’«il s’agit de deux bandes de jeunes rivales qui depuis plusieurs mois au moment des faits se provoquaient mutuellement». Ce témoin indirect prétend que «la responsabilité dans les circonstances qui ont abouti à cette fusillade est complètement partagée par les deux bandes».
«Le prévenu tireur a été harcelé de toutes les manières possibles pendant des mois», rapporte cette source, selon qui le tireur a entendu les plaignants dire à son sujet qu’«on va le buter», ce qui aurait accentué son «état de stress» et sa «détresse psychologique».
«Fracassage total»
La nuit du dérapage, les plaignants auraient défié leurs rivaux en les attendant «avec des pelles et des armes factices». Toujours selon un témoin indirect, l’élément déclencheur de «cet immense gâchis» n’est pas un simple coup de poing, mais le «fracassage total» d’un jeune transporté aux urgences, lequel n’a pas été cité comme témoin.
Tandis que le tireur était placé en isolement, le blessé aurait continué de poster des vidéos «violentes et guerrières» sur les réseaux sociaux. Dans le cercle élargi des prévenus, on relève qu’aucune autorité, ni aucune structure ne sont capables «de gérer des conflits entre jeunes déboussolés». Le verdict sera rendu mercredi prochain.