Procès en FranceJugée pour avoir tué son enfant, une mère évoque un jeu qui a mal tourné
Sarah C., âgée de 29 ans, est accusée d’assassinat sur son fils de 5 ans, décédé en octobre 2020 à Brest après avoir été retrouvé inconscient.
Elle assure que l’enfant est mort lors d’un «jeu du coussin» qui a mal tourné: le procès de Sarah C., jugée pour l’assassinat de son fils de cinq ans en 2020, s’est ouvert mercredi devant la Cour d’assises du Finistère, en France.
«Jeu du coussin»
«J’ai jamais voulu tuer mon fils, jamais. C’était tout pour moi», a assuré à la barre l’accusée de 29 ans, cheveux bruns attachés, à l’élocution difficile et au regard fixe. «Jamais, j’aurais pu lui faire du mal», a-t-elle ajouté, tout en reconnaissant avoir pu lui donner quelques fessées et douches froides par le passé.
Il est 10h38 le 20 octobre 2020, à Brest, quand Sarah C. appelle les secours pour leur signaler que son fils, L., ne respire plus. Les pompiers ne parviennent pas à ranimer l’enfant, allongé en pyjama sur un lit, et dont la température est anormalement basse (moins de 35°C). Son décès est constaté à 12H35 à l’hôpital de Brest. La mère, hébétée mais sans pleurs, explique alors avoir joué à un «jeu du coussin» habituel avec lui, qui consistait à s’appuyer sur un oreiller posé sur sa tête. Partie dans la cuisine alors qu’il ne bougeait plus, elle se serait rendu compte, après coup, qu’il était inconscient.
«Acte désespéré»
«Comment peut-on tuer un enfant de cinq ans en l’étouffant, sans le faire exprès?», lui demande l’avocat général. «Je ne sais pas», marmonne l’accusée, après un long silence. Lors de la perquisition, les policiers avaient découvert quatre couteaux sur la table de chevet de la mère et deux mots manuscrits sur le réfrigérateur. «Je ne peux plus faire face à cette vie de cauchemar, d’angoisse», y était-il notamment écrit.
Évoquant un «acte désespéré», la jeune femme, qui dit avoir voulu se suicider la veille des faits, demandait également à reposer «dans la même tombe que son fils». Dépressive, titulaire du RSA, la jeune femme était menacée d’expulsion au moment des faits. Elle élevait seule son fils, qui n’avait pas été reconnu par son père. Sa fille de deux ans, qu’elle avait eue avec un autre homme, était chez son père lors de la mort de son frère.
Perpétuité encourue
Ce dernier avait fait l’objet de plusieurs «informations préoccupantes» à cause d’absences répétées à l’école, dont il avait changé à trois reprises en deux ans. Son institutrice avait un jour remarqué une bosse avec du sang sur son front: l’enfant avait indiqué que sa mère lui avait claqué la tête contre une porte.
Fréquentant une communauté évangéliste puis se prétendant membre des témoins de Jéhovah, se disant «très pratiquante», l’accusée a elle-même connu une enfance «chaotique», faite de violences. Née d’une mère alcoolique dans une fratrie de sept enfants, elle a été placée en famille d’accueil jusqu’à ses 16 ans, avant de rejoindre un foyer, puis de tomber enceinte de son fils à 19 ans. Le père de ce dernier a refusé de témoigner au procès. Sarah C. encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.