GenèveLa Russie assure qu’elle ne prévoit aucune attaque contre l’Ukraine
Après la rencontre de leurs émissaires respectifs ce lundi, Moscou et Washington disent vouloir poursuivre leurs pourparlers, tout en continuant à se mettre en garde mutuellement.
Le face-à-face continue: la Russie a assuré lundi ne pas avoir «l’intention» d’attaquer l’Ukraine, mais sans convaincre les États-Unis qui ont réitéré leurs avertissements, au cours de pourparlers que les deux puissances rivales ont dit vouloir «poursuivre» pour donner une chance à la diplomatie.
Ces discussions tendues en Suisse, à Genève, entre les vice-ministres américaine et russe des Affaires étrangères, Wendy Sherman et Sergueï Riabkov, ouvrent une semaine intense de diplomatie après une guerre des mots d’une rare intensité depuis la fin de la Guerre froide. Les Occidentaux accusent en effet les Russes de vouloir envahir l’Ukraine.
«Nous avons expliqué aux collègues que nous n’avons pas de plans, pas l’intention d’attaquer -entre guillemets- l’Ukraine», a dit le négociateur russe au terme d’une réunion de près de huit heures, réaffirmant que le déploiement de dizaines de milliers de soldats par son pays à la frontière était une réaction à la présence accrue de ses rivaux occidentaux de l’Otan, jugée menaçante par Moscou.
Son homologue américaine a répliqué que le Kremlin pouvait engager une «désescalade» et «prouver qu’il n’a pas l’intention» d’envahir l’Ukraine en «renvoyant dans leurs casernes» les «100’000 soldats» amassés à sa frontière ces dernières semaines. Mais elle a déploré ne pas avoir eu de «réponse» à ce sujet.
À Washington, le Pentagone a d’ailleurs dit n’avoir constaté «aucun changement majeur» ni «aucune diminution» du nombre des militaires déployés. Wendy Sherman a expliqué avoir redit à Sergueï Riabkov que toute invasion de l’Ukraine occasionnerait à la Russie de la part des Occidentaux des «coûts significatifs», «énormes».
Les États-Unis «souhaitent croire» la Russie lorsqu’elle affirme ne prévoir aucune attaque de l’Ukraine, a déclaré lundi l’ambassadrice américaine à l’ONU, Linda Thomas-Greenfield. «Je souhaite le croire», a déclaré la diplomate lors d’une brève rencontre avec des journalistes à l’ONU. «Je souhaite qu’il dise vrai, qu’ils n’ont pas de plans, mais tout ce que nous avons vu jusqu’à présent indique qu’ils font des mouvements dans cette direction», a ajouté Linda Thomas-Greenfield.
Pour Moscou, la situation n’est pas désespérée
Concernant la revendication clé de la Russie, à savoir l’obtention de garanties de sécurité en bannissant tout élargissement de l’Otan et en réduisant la présence militaire occidentale dans les environs de la Russie, le négociateur russe s’est montré plus positif que la veille. «Nous avons l’impression que la partie américaine a pris très au sérieux les propositions russes», a-t-il déclaré.
Selon lui, «la situation n’est pas désespérée» donc, mais «il ne faut pas sous-estimer les risques liés à une aggravation de l’évolution de la confrontation». «Il faut qu’un vrai geste en direction de la Russie soit fait», a-t-il martelé, assurant que «jamais au grand jamais» l’Ukraine ne doit rejoindre l’Alliance atlantique. Pour lui, des concessions doivent être faites «rapidement», le processus de négociations ne devant pas prendre «des mois et des années».
De son côté, Wendy Sherman a expliqué que la partie américaine avait présenté ses idées «à partir desquelles nos deux pays pourraient prendre des mesures réciproques conformes à nos intérêts de sécurité et susceptibles d’améliorer la stabilité stratégique». Là aussi un ton plus conciliant. La diplomate a cependant prévenu Moscou que la «politique de portes ouvertes» de l’Otan se poursuivrait en dépit des demandes russes.
Se mettre «d’accord sur une voie à suivre»
Les Occidentaux ont menacé le Kremlin de sanctions «massives» en cas de nouvelle agression contre l’Ukraine, alors que Moscou a déjà annexé en 2014 une partie de son territoire, la Crimée, en réaction à une révolution pro-occidentale à Kiev. La Russie est aussi accusée de soutenir les séparatistes de l’est du pays.
Le Kremlin affirme que les Occidentaux provoquent la Russie en stationnant des militaires à ses portes et en armant l’armée ukrainienne. Il réclame donc deux traités pour interdire tout élargissement futur de l’Otan et la fin des manœuvres militaires occidentales à proximité des frontières russes.
Lundi, recevant la vice-première ministre ukrainienne Olga Stefanichyna, le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg a estimé que les pourparlers de cette semaine n’allaient pas résoudre tous les problèmes, mais que l’espoir était de se mettre «d’accord sur une voie à suivre.»