Jura«Il n’y a rien de pire qu’un horaire qui ne marche que sur le papier»
Délégué jurassien aux transports, David Asséo voit du positif dans l’horaire CFF 2025.
- par
- Vincent Donzé
La Ville de Delémont s’est associée à la fronde des communes romandes opposées à l’horaire CFF 2025, caractérisé par la suppression de la ligne directe entre Bienne et Genève-Aéroport. Entretien avec le délégué jurassien aux transports, David Asséo.
La périphérie est-elle snobée dans l’horaire CFF 2025?
On peut le penser dans l’absolu, mais six minutes supplémentaires sur un Lausanne-Genève, c’est un temps de parcours rallongé de 15%, alors que dix minutes sur un Delémont-Genève, c’est 8% d’augmentation. Le problème réside dans les mesures compensatoires, plus difficiles à trouver dans nos régions. C’est un retour de 20 ans pour le temps de parcours, mais entretemps on passera d’un train par heure à une relation chaque 30 minutes et avec une ponctualité améliorée et donc des correspondances garanties.
Les villes mécontentes sont-elles en désaccord avec les cantons?
La planification ferroviaire, c’est l’affaire de la Confédération et des cantons. De leur propre chef, les CFF ont publié leurs intentions il y a une année et demie. Les cantons ne sont pas des agneaux conduits à l’abattoir sans broncher: ils ont jugé la dégradation inacceptable et refusé l’horaire proposé à l’origine pour fin 2023. Villes et cantons, chacun a son rôle à jouer: les communes ont raison d’exercer une pression politique sur un horaire de compromis pour obtenir des mesures de correction ou de compensation.
Ensuite?
Avec nos meilleurs spécialistes, nous avons pris le temps de passer au crible les propositions des CFF et trouver les solutions les moins pénalisantes pour la clientèle. Il n’y a rien de pire qu’un horaire qui ne marche que sur le papier. Ponctualité et assurance d’avoir ses correspondances doivent être la règle. Les cantons ont joué leur partition en évitant le scénario du pire.
Le rail est-il populaire dans le Jura?
Oui. La fréquentation a doublé grâce à une offre d’un train chaque 30 minutes de tôt le matin à tard le soir. Et ce malgré une population stable. On peut dire que le trafic a carrément explosé.
Votre ministre David Eray salue une cadence de 30 minutes entre Delémont et Lausanne ou Genève…
À juste titre, puisque cette cadence diminue au final le temps de déplacement. Par exemple, l’attente du train de retour est réduite de moitié même si un rendez-vous dure quelques minutes de plus que prévu. C’est du temps gagné au final.
Il applaudit aussi le retour d’une liaison directe entre Bâle et Lausanne via Delémont chaque heure, pourquoi?
Il ne faudra plus changer de train à Bienne une fois sur deux, mais ce sera en 2026, un an après l’introduction du nouvel horaire.
Prenez-vous souvent le train?
Tous les jours pour me rendre au travail, de Porrentruy à Delémont. Je ne prends le volant qu’une ou deux fois par an…
Entendez-vous la grogne des usagers depuis l’annonce de ce nouvel horaire?
Il y a eu des réactions en particulier sur les réseaux sociaux. Ce qui je reçois par e-mail ou en étant interpellé dans la rue ou dans le train, c’est la grogne quand un train en retard fait rater une correspondance, comme à Delémont quand le train en provenance de Bienne à cause d’un horaire trop serré sur le pied du Jura ne permet pas de prendre le train pour Porrentruy. Et j’en suis aussi la victime. Ceci dit, on ne parle jamais des trains qui arrivent à l’heure.