Ski alpinJohan Clarey: «Je remercie les Suisses!»
Lors des finales de Coupe du monde de ski alpin en Andorre, le Français a tiré sa révérence à 42 ans, soulagé et reconnaissant de ses fans mais aussi de tout le cirque blanc qui lui a rendu un bel hommage.
- par
- Christian Maillard Soldeu
Comme c’était le cas pour l’Américain Travis Ganong, médaillé d’argent aux Mondiaux de Vail en 2015 et l’Autrichienne Nicole Schmidhofer championne du monde de super-G deux ans plus tard à Saint-Moritz, le Français Johan Clarey, vice-champion olympique de descente à Pékin a également tiré sa révérence lors de ces finales de Coupe du monde en Andorre.
C’est avec énormément d’émotions que le descendeur d’Annecy de 42 ans s’est retiré, mercredi, avec un 12e rang, devant toute sa famille, ses coéquipiers et tout le cirque blanc qui lui ont rendu un bel hommage. Personnage oh combien sympathique, qui a également décroché l’argent en super-G lors des Mondiaux d’Åre en 2019, il ne lui a manqué qu’une victoire dans sa longue carrière marquée par onze podiums dont sept deuxièmes places.
Johan Clarey, dans quel état d’esprit étiez-vous à l’occasion de la dernière course de votre carrière en Coupe du monde?
Dès le matin je dois dire que, honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si dur. C’était beaucoup d’émotions. J’ai failli pleurer plusieurs fois avant le départ, j’ai eu tellement de témoignages de sympathie des coureurs. Juste avant que je ne m’élance, j’ai encore eu des tapes dans le dos des entraîneurs étrangers, des coureurs d’autres nations et de mes potes. Ça a été plus dur que dans l’aire d’arrivée. Là, je suis dans le soulagement. Je suis content de finir cette saison et cette carrière comme ça. C’est vraiment la sortie que je voulais et je suis super content. Je dirais que c’est plus de la joie pour l’instant mais je sais aussi qu’après il va y avoir des hauts et des bas avec d’autres émotions.
À 42 ans, vous terminez 4e au classement de la descente, chapeau!
C’est quand même génial, en effet, qu’à 42 piges, je sois toujours aussi performant et je suis très fier de ça. Comme je l’ai dit, c’est vraiment la sortie que je voulais, en bonne santé et avec de bons résultats, J’aurais laissé quand même une petite trace à ma manière dans l’histoire du ski, donc c’est cool.
À quoi avez-vous pensé en franchissant la ligne?
J’ai pensé à toutes ces personnes que je voulais remercier à la télé parce que j’ai eu tellement de témoignages positifs via les réseaux sociaux de gens que je ne connais pas. Comme les téléspectateurs en Suisse qui m’ont suivi dans ma carrière. Je voulais leur dire merci. Comme je suis un compétiteur jusqu’au bout, j’ai tout de même regardé le tableau d’affichage et j’avoue que j’aurais voulu faire un petit peu mieux. Mais c’est surtout un énorme soulagement. Il va falloir changer de vie et passer de skieur professionnel depuis 20 ans à retraité ça va prendre forcément un peu de temps.
Parmi tous les témoignages que vous avez reçus, quel a été le plus beau compliment qu’on vous a fait?
C’est vraiment la sympathie et l’estime que j’ai de mes pairs, des autres skieurs. C’est l’une des choses que je retiens où je suis le plus fier car on se bat comme des chiffonniers toute l’année où dans le portillon j’avais envie de tous les battre. Mais d’avoir le respect de tout le monde et leur sympathie, c’est gage que j’ai réussi ma carrière. Vous savez, il n’y a pas que les résultats, il y a aussi l’humain. C’est ce qui restera à la fin, ça c’est important. Là je vais encore profiter des derniers instants mais je reviendrai sur la Coupe du monde plus tard en tant que touriste, ce n’est pas la fin du monde.
Vous avez couru avec un casque spécial pour cette dernière course. Qu’y avait-il inscrit dessus?
C’est un cadeau de mes coaches. Je n’étais pas du tout au courant et c’est touchant. Il y a mes nombres de départ en Coupe du monde (240), mes podiums (11), mes médailles, mon âge (42) et mon record de vitesse de Wengen (161, 9 km/h). C’est tout le résumé de ma carrière, ça me fait un super souvenir.
S’il ne fallait retenir qu’une course, un moment, ce serait lequel?
C’est difficile. Je garderai surtout des images, la tension du départ comme à Kitzbühel. La Streif pour moi est gravé à vie. Ce sont des moments durs à expliquer pour les gens qui ne connaissent pas ces moments-là. Plus que les résultats, car ce sont ces instants où on est tout seul dans le cabanon de départ. Il y a une intensité folle et ce n’est que les descendeurs qui peuvent savoir ça. Je ne l’oublierai jamais. Merci à tous.