ColombieLe président Petro éclaboussé par un scandale d’écoutes illégales
Deux proches du président Gustavo Petro vont quitter le gouvernement colombien, empêtrés dans un scandale d’écoutes illégales.
Le président colombien Gustavo Petro a annoncé vendredi le départ de son gouvernement de deux proches collaborateurs, empêtrés dans un scandale d’écoutes illégales particulièrement embarrassant pour la gauche au pouvoir.
«Alors que l’enquête est en cours, ma chère et estimée collaboratrice ainsi que l’ambassadeur au Venezuela se retirent du gouvernement afin qu’il n’y ait aucune interférence dans les investigations», a déclaré M. Petro lors d’une cérémonie de promotion d’officiers de l’armée.
Après le vol d’une forte somme en dollars à son domicile, la directrice de cabinet du président, Laura Sarabia, a imposé à une ex-employée de maison un interrogatoire au détecteur de mensonge dans une annexe de la présidence. Elle est accusée également d’avoir ordonné des écoutes de son téléphone en la faisant passer pour la complice d’un trafiquant de drogue, selon le parquet.
Politique du «changement»
L’ambassadeur au Venezuela, Armando Benedetti, un vieux routier de la politique colombienne qui a soutenu Petro pendant la présidentielle de 2022, aurait quant à lui introduit l’employée de maison auprès de Laura Sarabia afin de faire chanter la directrice de cabinet pour obtenir un poste ministériel.
Valises de dollars envolées, détecteur de mensonge, écoutes illégales, soupçon de chantage et conspiration… cette affaire aux allures de telenovelas a fait toute la semaine les gros titres de la presse colombienne. Elle met aussi en relief des pratiques de la vieille politique colombienne avec lesquelles Gustavo Petro, élu à l’été 2022 premier président de gauche de l’histoire de la Colombie, avait pourtant promis de mettre fin au nom de sa politique du «changement».
«Ce gouvernement respecte les droits de l’homme, il n’intercepte pas illégalement les conversations téléphoniques de quiconque (…) du plus humble aux plus puissants (…) Il n’écoute pas les magistrats, les journalistes, les opposants», a assuré Gustavo Petro. Les écoutes téléphoniques illégales ont marqué l’histoire politique de la Colombie, et Gustavo Petro, alors dans l’opposition, en a lui-même été victime, la dernière fois lors de la campagne électorale de 2022.
«Je n’ai jamais ordonné une seule interception téléphonique (…) et je ne le ferai pas. (…) Nous ne faisons pas ça», a encore affirmé Gustavo Petro, dénonçant au passage l’usage du détecteur de mensonge, qui plus est sur une personne «vulnérable». Une enquête a été ouverte par le parquet, et les deux principaux protagonistes de l’affaire, Laura Sarabia et Armando Benedetti, doivent être entendus prochainement par les enquêteurs.
«Toute ma gratitude»
Exprimant sur Twitter «tout (s)a gratitude» à son patron, Laura Sarabia s’est dite «sûre d’avoir agi correctement» et «prête à donner toutes les explications nécessaires pour éclairer les faits».
Dans la matinée, le ministre de la Défense Ivan Velasquez a rencontré le chef de la police, le général William Salamanca, pour faire le point sur les avancées de l’enquête et identifier les fonctionnaires impliqués, a rapporté la presse. «Les portes du palais présidentiel sont grandes ouvertes aux enquêteurs», a par ailleurs commenté le président Petro, alors que des agents du parquet se sont déjà rendus sur place en début de semaine.
Mais «que le fonctionnaire qui nous accuse mène des enquêtes approfondies, avec le même empressement qu’il enquête sur les polygraphes (…) contre les assassins et l’impunité» dans le pays, a lancé le chef de l’État, une claire référence au procureur de la nation, Francisco Barbosa, avec lequel les relations sont devenues exécrables au fil des mois.