Fin de cavaleAccusé de terrorisme, un fugitif suisse arrêté en Croatie
Le jeune suspect s’était évadé du Centre zurichois où il était détenu. Le parquet croate confirme l’interpellation de ce récidiviste jugé dangereux.
- par
- Evelyne Emeri
Il était en fuite depuis octobre 2020, évadé du Centre pour jeunes adultes et mineurs d’Uitikon (ZH). Ce Suisse alémanique que la Confédération soupçonne d’être un dangereux terroriste s’était évanoui dans la nature. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, cet extrémiste de droite s’est finalement fait repérer par la police croate. Si le parquet croate confirme l’interpellation le 1er mars dernier de ce jeune homme bien connu des services antiterroristes, la Suisse ne s’est, à ce stade, pas encore exprimée sur ce sujet pour le moins embarrassant.
«Tuer quelques musulmans»
Son arrestation, révélée par le «Tages-Anzeiger», est dans la droite ligne des précédentes. Cet apprenti électricien a démarré très tôt sa carrière de délinquant. Dans son village au nord-est de la Suisse, il s’amuse à fabriquer des engins explosifs et à les faire exploser dans une forêt. Actif dans des groupes d’extrême droite sur le web, il annonce même «vouloir tirer dans quelques salles de prière» ou «tuer quelques musulmans», raconte le «Tagi». Après les attentats contre deux mosquées de la ville de Christchurch en Nouvelle-Zélande en mars 2019 (ndlr. 51 morts/49 blessés), le suspect franchit un pas supplémentaire.
«Quelque part en Suisse»
Il diffuse un extrait de la vidéo des attentats de Christchurch qu’il poste sur Instagram et proclame: «Un jour je ferai la même chose». «Où?» lui demande un follower. «Quelque part en Suisse». Cette incitation à la haine contre les musulmans ne passe pas entre les mailles du filet du FBI qui alerte les autorités suisses. Le jeune Alémanique n’a que 17 ans. Il sera détenu préventivement quelques jours. Dès sa libération, il commande sur le site d’une pharmacie en ligne des kilos de produits chimiques pour fabriquer des engins hautement explosifs. Il est arrêté. Et incarcéré deux semaines, cette fois-ci. Avant d’être à nouveau relâché.
Jugé dangereux
À peine libéré, visiblement fasciné et inarrêtable, le terroriste présumé cherche à se procurer des armes à feu et des grenades. Suivi de près par les services de renseignements helvétiques depuis sa signalisation par le FBI, il est interpellé pour la troisième fois. Jugé dangereux, il est placé dans le Centre fermé d’Uitikon pour y suivre une thérapie. Il réussira à s’en échapper en octobre 2020. Dans un entretien avec le «Tages-Anzeiger» toujours, il n’a pas nié avoir tenu des discours de haine contre les musulmans ni qu’il avait annoncé à plusieurs reprises une attaque contre des mosquées.
Interpellé après une interview
Dans la même interview, le prévenu prétend pourtant: «Jamais. Jamais. Jamais. Je ne serai pas capable de le faire». Et de conclure par: «Je regrette vraiment. Je préférerais tout oublier». Binational Suisse-Croate, le fugitif aurait été appréhendé peu après une interview réalisée avec la Télévision suisse alémanique SRF, alors qu’il travaillait à la construction de sa résidence secondaire en Croatie sans être inquiété par les autorités locales durant des mois. Il dit désormais «vouloir retrouver la normalité».