Nintendo SwitchPokémon Violet et Écarlate: remboursez!
Excédés par les bugs et une réalisation douteuse, des joueurs ont demandé, et souvent obtenu, un remboursement de la part de Nintendo.
- par
- Jean-Charles Canet
Ivre de l’immense succès d’une franchise née en 1996, le studio «Game Freak» a-t-il trop tiré sur la corde? Et va-t-il en payer les conséquences?
Sortis le 18 novembre dernier en exclusivité sur Nintendo Switch, «Pokémon Violet» et «Pokémon Écarlate», les deux nouvelles variations majeures d’un jeu de rôle japonais au succès intarissable, subissent un vent de fronde même de la part de fans inconditionnels. Sur Metacritic, le site qui synthétise les notes attribuées aux produits culturels, les deux titres – vendus séparément mais qui, en fait, n’en font qu’un – décrochent les pires moyennes jamais attribuées: 2,9/10 pour Écarlate, 3,4/10 pour Violet, relevés ce jeudi, dans la catégorie «critiques des utilisateurs».
À la limite de l’injouabilité
Un autre coup dur a été porté, mercredi en fin de journée, par la chaîne YouTube Digital Foundry, spécialisée dans l’analyse détaillée des performances techniques des grosses sorties vidéoludiques. Le verdict est impitoyable. DF commence par dénoncer la pauvreté visuelle générale du jeu (textures basiques et définition dynamique qui tire le tout vers un bas-fond visuel), indigne même d’une Switch, avant d’énumérer une liste interminable de carences techniques dominées par de fortes chutes du nombre d’images par seconde, des animations aux fraises, de surgissements de détails grossiers. Richard Leadbetter, va jusqu’à affirmer que le jeu est si problématique qu’il en devient parfois injouable. Il parle de «game breaking issues».
«La paire Pokémon Violet et Pokémon Écarlate est un colossal échec technique. Direction artistique embarrassante, distance d’affichage catastrophique, pauvreté des performances, médiocrités de l’image et une liste sans fin de bugs handicapent lourdement ce duo au développement troublé», conclut le féroce testeur britannique.
Le problème est que «Pokémon Violet» ou «Pokémon Écarlate» ne sont pas des petits jeux indépendants, conçus par deux personnes au fond d’un garage, mais sont le fruit du travail d’une équipe de plus de 100 personnes, sous le même toit (celui du studio «Game Freak» au Japon) depuis les débuts de la franchise.
Le magazine «Kotaku», aux États-Unis, constate également les carences qui frappent les deux versions du jeu. Il relève surtout les réactions outrées des fans de la franchise sur les forums, Reddit en particulier, et relève que la plupart de ceux qui souhaitaient obtenir un remboursement affirment être parvenus à leur fin. C’est un signal non négligeable compte tenu du fait que Nintendo a plutôt la réputation d’être intransigeant en ce domaine.
Dix millions en trois jours
Au lendemain de son constat, «Kotaku» est revenu sur le sujet en ajoutant un article stipulant que les «Pokémon Violet» et «Pokémon Écarlate» se sont vendus à plus de 10 millions d’exemplaires aux cours des trois premiers jours de disponibilité sur le marché. C’est énorme. «De tous les jeux consoles Nintendo, Switch comprise, il s’agit du plus grand nombre de ventes mondiales et domestiques jamais enregistrés pour les trois premiers jours de lancement.», précise un communiqué de presse triomphant de Nintendo Japon, publié ce jeudi.
Mais aussi impressionnant soit-il, ce chiffre traduit surtout l’attractivité phénoménale et encore non démentie des jeux Pokémon auprès de son jeune public, engouement qui semble se transmettre de génération en génération. Mais, basé sur les trois premiers jours de vente, ce cri de victoire économique n’est bien sûr pas encore en mesure de rendre compte du vent de révolte évoqué plus haut et de l’impact qu’il pourrait avoir par la suite.