Etats-Unis – L’assassin d’une fillette démasqué 62 ans après

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États-UnisL’assassin d’une fillette démasqué 62 ans après

Grâce aux nouvelles technologies de recherche avec l’ADN, le coupable du meurtre de la petite Candy, 9 ans, a enfin été identifié. Lui-même est mort il y a 51 ans.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
La petite Candy était partie en fin d’après-midi vendre des bonbons à la menthe.

La petite Candy était partie en fin d’après-midi vendre des bonbons à la menthe.

Spokane Police

Aux États-Unis, de plus en plus de vieilles affaires criminelles non résolues (cold cases) trouvent enfin leur épilogue grâce aux nouvelles technologies de recherche liées à l’ADN. C’est encore grâce à cette méthode qu’un meurtre commis en 1959 a pu être élucidé, comme l’a annoncé le 19 novembre dernier la police de Spokane, dans l’État de Washington, à l’ouest des États-Unis.

Le 6 mars 1959, la petite Candice Elaine Rogers, dite «Candy», part vendre dans son quartier des bonbons à la menthe au profit du mouvement de jeunesse féminin dont elle fait partie, les Blue Birds, branche junior des Camp Fire Girls. Mais la fillette de 9 ans ne rentre pas à la maison.

Des recherches sont très vite entreprises, mais tout ce que l’on retrouve, ce sont des boîtes de bonbons. Dans les semaines qui suivent, plus de mille personnes se mobilisent pour retrouver Candy. Un hélicoptère de l’armée qui y participe heurte un câble et s’écrase, tuant 3 de ses cinq passagers.

Chaussures retrouvées

Le 21 mars, deux aviateurs de la base de Fairchild partis chasser trouvent une paire de chaussures de fillette, relate la chaîne Krem. En rentrant à la base, ils font part de leur découverte et se demandent si cela pourrait avoir un rapport avec la disparition de Candy. La police est prévenue le lendemain matin. Une équipe de recherche se rend sur les lieux et, en quelques minutes seulement, découvre le corps de la fillette, grossièrement dissimulé sous un tas d’aiguilles de pin et de branches.

La petite Candy a été violée puis étranglée avec un de ses propres vêtements. Cette découverte va bouleverser la communauté et les enfants ne seront plus, pendant longtemps, autorisés à sortir aussi librement qu’auparavant. Reste à trouver l’assassin. Quelques suspects sont envisagés, mais rien de concluant. L’affaire est devenue «l’Everest des cold cases» de la région, comme l’a dit un policier. Quelqu’un allait bien finir par la résoudre, mais quand?

Plus de 40 ans après le crime, grâce aux progrès de la police scientifique, de l’ADN est récupéré via les traces de sperme retrouvées sur les vêtements de la petite fille. Cela a permis à l’époque d’exclure l’un des suspects, un tueur en série qui avait toujours nié son implication dans ce meurtre, mais pas de trouver le coupable. Mais notamment depuis l’affaire du tueur du Golden State, les recherches de concordance d’ADN via des sites de bases de données généalogiques sont devenues très efficaces.

La fille d’un suspect donne son ADN

Cette année, la police de Spokane a donc contacté une société texane spécialisée dans la recherche d’ADN, explique CBS. Celle-ci est parvenue à dresser un profil généalogique qui a permis de conduire à trois suspects possibles: trois frères. L’un d’eux avait une fille, Cathie Hoff. Lorsqu’elle a appris que son père était l’un des suspects, elle s’est portée volontaire pour donner un échantillon de son ADN. John Reigh Hoff, son père, s’est suicidé en 1970.

La comparaison de son ADN avec celui retrouvé sur les habits de Candy a montré qu’il y avait 2,9 millions de fois plus de chances que la famille directe de Cathy soit liée à l’échantillon que n’importe qui d’autre. La police a alors obtenu l’autorisation d’exhumer la dépouille de John Reigh Hoff et les analyses ont prouvé qu’il était bien le meurtrier de la petite fille.

John Reigh Hoff avait été arrêté pour avoir agressé une femme.

John Reigh Hoff avait été arrêté pour avoir agressé une femme.

Spokane Police

John Reigh Hoff avait des antécédents judiciaires connus puisqu’il avait, deux ans après le meurtre de Candy, été arrêté pour avoir agressé une femme. Il lui avait arraché ses vêtements et les avait utilisés pour l’attacher et tenter de l’étrangler. Il avait passé six mois en prison, dit le «Montreal Times», s’était fait expulser de l’armée et avait fini par se suicider en 1970.

«Il était diabolique»

Sa fille a expliqué à la presse qu’elle avait toujours cru qu’il avait mis fin à ses jours parce qu’il était en dépression. «Maintenant, je pense que non… Il était diabolique. C’était une fuite». Quand elle a appris que son père était le coupable, cela a été un choc terrible. «À ce moment-là, vous savez, je connaissais le cas de cette petite fille assassinée en 1959. C’est vraiment triste de découvrir que quelqu’un qui, d’ailleurs pas seulement votre père, mais juste quelqu’un dans votre famille, peut faire quelque chose comme ça». Elle s’est dite très triste pour la famille de la victime, car même si le crime est résolu, son père n’a jamais payé pour ce qu’il a fait.

Les grands-parents et les parents de Candice Elaine Rogers sont décédés. Un membre de la famille a déclaré qu’il était triste qu’ils soient tous partis avant de connaître la vérité. Mais elle espère qu’avec cette découverte, tout le monde pourra être en paix à présent.

Le mois dernier, une victime d’un serial killer avait pu être identifiée 37 ans après sa mort. En mai, c’était un double meurtre datant de 40 ans qui était résolu de la même manière. La plus ancienne affaire résolue ainsi, remonte à 65 ans, elle avait trouvé sa conclusion en juin de cette année.

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