Pénuries – Quand le commerce mondial tousse, l’Allemagne s’enrhume

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PénuriesQuand le commerce mondial tousse, l’Allemagne s’enrhume

Les pénuries généralisées à l’international assombrissent les perspectives de croissance de l’Allemagne, première économie d’Europe.

Image d’illustration.

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Les pénuries de matériaux sur les marchés mondiaux vont nettement freiner la reprise de la première économie européenne, dépendante de son industrie exportatrice, selon des prévisions de croissance revues en forte baisse jeudi.

Les principaux instituts économiques du pays (DIW, IFO, IFW, IWH et RWI) s’attendent désormais à une hausse du PIB de 2,4% en 2021. Les dernières estimations d’avril tablaient sur une croissance de 3,7%, après une chute historique de 4,9% en 2020. «Le PIB remonte nettement depuis le recul des infections au printemps», notent les instituts dans un communiqué.

«Mais pour le secteur manufacturier, les problèmes d’approvisionnement freinent la production.» La pandémie a déstabilisé les chaînes mondiales d’approvisionnement, conduisant à des goulots d’étranglement sur les marchés des composants électroniques, du bois, des plastiques et de l’acier, notamment. «Cela a un effet de ralentissement sur la production et sur notre chiffre d’affaires», explique Ralph Wiecher, chef économiste pour l’organisation des machines outils VDMA.

En 2022, l’économie allemande devrait néanmoins «retrouver une utilisation normale de ses capacités» et la hausse du PIB atteindre 4,8%, avant de retomber à 1,9% en 2023, selon les instituts.

Frein à l’endettement

En dehors de la pandémie, «les goulets d’étranglement en matière d’approvisionnement constituent le plus grand risque pour l’évolution de l’économie», a commenté jeudi le ministère de l’Economie. Sur le plan politique, cette reprise bridée est de nature à compliquer un peu plus les négociations déjà difficiles entre partis pour tenter de former un nouveau gouvernement après les élections législatives.

Les sociaux-démocrates, vainqueurs de justesse du scrutin, et les Verts plaident pour une politique de dépense publique généreuse pour empêcher un ralentissement trop abrupt de la reprise, quitte à continuer à mettre entre parenthèses les règles nationales de limitation des déficits.

La règle constitutionnelle du «frein à l’endettement» interdit au gouvernement d’emprunter plus de 0,35% de son PIB par an. Elle a néanmoins été mise entre parenthèses en 2020 et 2021 pour faire face à la crise sanitaire. Contrairement à la gauche, les Libéraux du FDP, impliqués dans ces négociations à trois, veulent revenir à cette discipline et demandent des baisses d’impôts, ce qui priverait l’Etat fédéral de ressources pour financer des programmes de soutien à l’économie.

«Dans un monde idéal, sans crise, sans événement majeur imposant de relever brusquement le niveau de la dette, on peut estimer que le frein à l’endettement est trop restrictif», ont de leur côté fait valoir les économistes des instituts lors d’une conférence de presse jeudi. Mais «un tel monde n’existe pas», ont-ils ajouté, défendant le maintien de règles permettant de «discipliner la politique budgétaire» pour disposer de marges de manœuvre en cas de crise.

«Automne difficile»

Selon une étude de la banque publique KFW, une PME allemande sur deux (48%) fait actuellement face à des problèmes de livraisons. «L’économie allemande est plus connectée à l’international, dont elle est plus dépendante que beaucoup d’autres pays de l’UE», explique à l’AFP Carsten Brzeski, économiste pour la banque ING.

«En conséquence, elle atteindra son niveau d’avant la crise plus tard que la plupart des autres pays», ajoute-t-il. La production industrielle a plongé de 4% en août sur un mois, tout comme les commandes, qui se sont écroulées de 7,7%.

Les exportations, qui n’avaient cessé de grimper depuis la première vague de Covid-19 en avril 2020, ont fléchi de 1,2%. Le secteur automobile, poumon de l’économie nationale mais plombé par la rareté des semi-conducteurs, est en grande difficulté.

«L’économie allemande doit se préparer à un automne difficile», a résumé récemment le lobby industriel BDI. Les instituts tablent sur une normalisation en 2022. Mais certains anticipent une crise d’approvisionnement plus longue: selon un sondage de la société de conseil Inverto, trois quarts des chefs d’entreprise estiment qu’elle durera les 18 prochains mois.

Ces pénuries pourraient aggraver la hausse des prix qui inquiète déjà les ménages allemands. Tirée par les tarifs de l’énergie, l’inflation a atteint en septembre son plus haut niveau depuis 1993, à 4,1%. Ce cocktail explosif de faible croissance et de forte inflation rappellerait la période post-choc pétrolier, dans les années 70.

(AFP)

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