HongrieViktor Orban est en quête d’un quatrième mandat
Dimanche, le président hongrois Viktor Orban faisait face à une coalition de partis lors des législatives. De nombreuses personnes se sont rendues aux urnes.
Les Hongrois se pressaient nombreux dimanche pour voter aux législatives, où le souverainiste Viktor Orban espère décrocher un quatrième mandat consécutif en brandissant la peur de la guerre dans ce pays voisin de l’Ukraine. Face à lui, une alliance inédite de six partis, décidée à renverser le dirigeant de 58 ans.
Accusé par Bruxelles de multiples atteintes à l’État de droit, il a muselé au fil de 12 années justice et médias, tout en prônant une vision ultra-conservatrice de la société. Veste noire et visage déterminé, Viktor Orban a voté avec son épouse Aniko Levai en tout début de matinée, dans une école de la banlieue de Budapest, promettant une «grande victoire».
«Des conditions injustes et impossibles»
Le chef de file de l’opposition, Peter Marki-Zay, catholique et père de sept enfants, a glissé son bulletin dans l’urne en famille, après avoir assisté à la messe dans sa ville de Hodmezovasarhely (sud-est). S’il garde espoir de l’emporter, le maire conservateur de 49 ans a dénoncé «des conditions injustes et impossibles» visant à permettre à son rival de «rester éternellement au pouvoir». Et de citer des médias publics à la botte du gouvernement – lui-même a eu droit à seulement cinq minutes d’antenne à la télévision publique, en tout et pour tout.
Viktor Orban a balayé ces accusations, alors que le scrutin se tient pour la première fois sous la surveillance de plus de 200 observateurs internationaux. Chaque camp a aussi déployé des milliers de bénévoles. À 15 heures, le taux de participation se situait à 52,7%, proche de la mobilisation record du scrutin de 2018.
«Ils ont ruiné notre pays»
Parmi les partisans du Fidesz, le parti au pouvoir, Zsuzsa Alanyi, décoratrice de 44 ans et mère de quatre enfants, saluait «les réductions d’impôts et aides» allouées aux familles. Pour Agnes Kunyik, 56 ans, au contraire, «ils ont ruiné notre pays, ils l’ont détruit». «Nous voulons rester en Europe, nous voulons un État démocratique avec des dirigeants rationnels», a-t-elle dit à l’AFP.
La victoire de l’opposition semble acquise à Budapest, mais la bataille s’annonce plus compliquée dans les zones rurales. La clé se trouve dans 20 à 30 circonscriptions indécises, sur les 199 sièges du Parlement. «MZP» a sillonné ces dernières semaines de long en large ces territoires, à l’écoute des habitants, dans l’espoir de battre en brèche la «propagande» du gouvernement.
À l’inverse, «Viktor Orban était invisible ou presque sur le terrain», souligne Andras Pulai, de l’institut de sondages Publicus proche de l’opposition. La dernière enquête donnait les deux camps au coude-à-coude, quand d’autres confèrent un avantage au Fidesz. Mais du fait du système électoral, il faudrait que l’opposition «gagne de 3 à 4 points» pour décrocher une majorité au Parlement, rappelle l’expert. «Il est très difficile de prévoir l’issue du scrutin».
«La guerre a tout changé»
Surtout que le conflit en Ukraine voisine a totalement bousculé la donne. «La guerre a éclaté, et la guerre a tout changé», a résumé Viktor Orban vendredi au cours de son unique rassemblement de campagne. «Paix contre guerre», l’équation est simple à ses yeux.
D’un côté, son gouvernement qui refuse de livrer des armes à l’Ukraine et de voter des sanctions qui priveraient les Hongrois des précieux pétrole et gaz russes. De l’autre, une opposition qui serait belliqueuse. Si ce discours a fait mouche dans les campagnes, la proximité cultivée depuis 2010 avec «l’agresseur», Vladimir Poutine, pourrait se retourner contre lui, souligne Andras Pulai.
En votant pour l’opposition, Maria Rapcsak, 75 ans, veut justement «mettre fin à la politique corrompue pro-Poutine d’Orban», présenté sur les pancartes des meetings comme «un mini-Poutine». Outre l’élection de leurs députés, les Hongrois sont appelés à répondre à quatre questions en lien avec la récente loi interdisant d’évoquer auprès des moins de 18 ans «le changement de sexe et l’homosexualité».