Jura: Acquitté, le réalisateur présente son film «explosif»

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JuraAcquitté, le réalisateur présente son film «explosif»

Après un tournage remarqué par la justice jurassienne, le film «Jill» sort bientôt sur les écrans romands.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Dénoncé et condamné pour des infractions prétendument commises pendant le tournage de «Jill», puis acquitté et indemnisé: le réalisateur suisse Steven Michael Hayes ne regrette pas d’avoir choisi les Franches-Montagnes pour son premier long métrage, qui sortira au cinéma le 19 avril prochain: «Cette région est fantastique: autant son paysage que sa population!» lance ce metteur en scène.

«Jill» est un film «made in USA» et en guise de vastes étendues, Steven Michael Hayes a choisi le Jura plutôt que les Alpes, avec des acteurs américains et des techniciens européens: «Le plateau des Franches-Montagnes avait l’avantage d’être plat», indique le réalisateur, qui situe son action dans l’État américain du Montana, près de la frontière canadienne.

Maison en bois

Avec le réchauffement climatique et la migration des essences remarquée par les forestiers, c’est entre Les Genevez et Les Reussilles qu’en 2018, Steven Michael Hayes a fait construire une maison en bois au milieu d’une forêt, pour filmer une famille qui décide de vivre au milieu de la nature, au début des années 80.

Des scènes ont été tournées autour de l’étang de la Gruère, près de Saignelégier. Problème: un engin pyrotechnique égaré a été découvert. «C’était un leurre, un engin inoffensif, mais la crainte d’un explosif subsiste dans le Jura…», sourit le réalisateur, absent du plateau lorsqu’un piège fictif appelé «Bobby trap» a été utilisé.

Sans autorisation

À une infraction à la loi sur les substances explosives s’est ajoutée une infraction à la loi sur les armes, lorsqu’un pistolet et un revolver importés sans autorisation ont été découverts dans un paquet à l’aéroport de Zurich.

Condamné à dix jours-amendes, le metteur en scène a fait opposition en indiquant que l’accessoiriste avait ajouté de son propre chef des armes factices à la liste des accessoires commandés, comme des boîtes de conserve, des lampes de poche et des cartes topographiques. Un argument qui a convaincu le Tribunal de première instance.

Synopsis:

«Ted et Joann s’installent dans les forêts infinies d’Amérique du Nord dans le but d’élever leurs cinq enfants sans influences extérieures. Née dans la forêt, leur plus jeune fille, Jill, grandit dans un petit paradis. Celui-ci est remis en question pour la première fois lorsque son frère exprime le souhait d’aller à l’université. La dissimulation de la visite d’une vieille amie de Joann et le refus de Ted d’aller chercher de l’aide en cas d’accident révèlent peu à peu que l’enjeu est bien plus important. Leur liberté se révèle bientôt être une idéologie néfaste et, dans l’isolement, des fossés de plus en plus profonds se creusent dans l’idylle familiale. Le secret de la manière dont les enfants sont devenus un enjeu entre l’indépendance et l’égoïsme a été emporté il y a longtemps en prison par le frère aîné de Jill. Ce n’est qu’aujourd’hui, lors d’un voyage dans son enfance qu’elle croyait oubliée depuis longtemps, que Jill apprend ce qui a complètement fait échouer l’utopie».

Propos du réalisateur:

«Certains de mes amis et connaissances ont commencé à chercher des projets de vie alternatifs. J’ai rencontré des hippies et des anticonformistes confirmés dont les idéaux se heurtaient à la société collective. La politique, les médias, l’éducation et même la science étaient soudain soupçonnés de tous les maux. Celui qui faisait encore confiance aux institutions de l’État était rapidement qualifié de naïf ou déclaré «ennemi». En partant de la nouvelle de Matthew Cheney, sur un père qui se retranche dans la forêt avec ses fils, je me suis rapproché des mécanismes de ce repli destructeur. Je me suis intéressé à ce qui arrive aux personnes dont les relations échouent à cause d’idéologies. Ce qui est liberté, vérité, bien et mal, devient flou dans le microcosme de «Jill». Sans la possibilité de refléter leur situation dans un monde «réellement existant», les enfants en particulier subissent une forte pression émotionnelle. Ils deviennent finalement les pions d’une relation qui échoue à cause d’une idéologie toxique».

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