FootballMais qui est David Bettoni, le nouvel entraîneur du FC Sion?
Le Français de 51 ans a passé plusieurs années dans l’ombre de Zinédine Zidane. Mais il est «très compétent» selon son ami Patrick La Spina.
- par
- Valentin Schnorhk
Régulièrement, Christian Constantin recycle. Parfois, il innove. En matière d’entraîneurs, le président du FC Sion n’a pas une ligne claire. Il peut prendre Paolo Tramezzani trois fois, et lancer la carrière de technicien professionnel de Gennaro Gattuso en 2013 ou de l’Espagnol Gabri en 2017. En ce mois de mars 2023, «CC» a misé sur la deuxième option, plutôt que la première: grâce à lui, David Bettoni va pouvoir se mesurer au rôle d’entraîneur principal. L’histoire commence ce mardi.
Pourtant, le Français de 51 ans s’est construit dans l’ombre. Mais pas n’importe laquelle: il a été l’homme de confiance de Zinédine Zidane au Real Madrid depuis que ce dernier s’est reconverti entraîneur. «Nous nous connaissions de l’époque du centre de formation de l’AS Cannes», expliquait Bettoni sur les ondes de RMC en novembre 2021. Plus que coéquipiers, les deux ados deviennent très bons amis. Leurs trajectoires de carrières s’éloignent – Bettoni n’a joué que quelques matches en première division française, avant de porter le maillot de plusieurs clubs de séries inférieures italiennes –, mais les deux hommes restent liés.
«Quand Zizou s’est mis en tête de se lancer comme entraîneur, il est venu me voir, narrait-il sur RMC. Je suis aussi allé le voir à Madrid. Et puis, quand il a décidé de faire le grand pas, il m’a demandé si j’étais intéressé de le rejoindre à Madrid. Je n’ai pas réfléchi deux fois.» C’est en 2013: David Bettoni sort alors de huit ans à entraîner les jeunes à Cannes. «Il y en a eu environ 200. Ils m’ont énormément appris à m’améliorer en tant qu’entraîneur.»
Le Castilla, avant les Ligues des champions
Mais il bascule dans un autre monde: celui du Real Madrid, où il est le bras droit de Zidane, lequel a pour fonction initiale celle d’adjoint de Carlo Ancelotti. «Ma première mission était d’observer les adversaires, et puis j’aidais aussi Zizou à préparer les séances d’entraînement spécifiques qu’il faisait pour les attaquants.» Avant que, à l’été 2014, le binôme ne prenne en charge le Castilla, la réserve du club madrilène, durant un an et demi.
Arrive alors le mois de janvier 2016: Zidane est propulsé entraîneur des Merengues, à la place de Rafael Benitez, et David Bettoni l’accompagne, encore et toujours. À la clé, le duo s’adjugera trois Ligues des champions (2016, 2017 et 2018), ainsi que deux titres de champion d’Espagne (en 2017, puis en 2020, lors de leur deuxième passage).
Sauf que, à vivre dans l’ombre, David Bettoni a voulu voir la lumière, encouragé par Zidane. Cela fait déjà plus d’un an qu’il est en quête d’un poste de numéro un. Il l’a finalement trouvé. Le voilà qui se retrouve une fonction qu’il n’a pas connue depuis plus de dix ans, lorsqu’il s’occupait des espoirs cannois. Quel entraîneur est-il? Il n’y a que ses souvenirs d’époque pour référence, pour l’instant: «J’étais assez autodidacte, sans avoir un idéal d’entraîneur, détaillait-il à RMC. J’ai toujours aimé le beau jeu: je voyais le football comme un jeu de passes, avec pour finalité de marquer un but. Il faut du mouvement, de la technicité, des relations entre les uns et les autres.» Reproduira-t-il cela au FC Sion?
Les louanges de La Spina
Patrick La Spina le connaît très bien. C’est le formateur valaisan qui a soufflé le nom de Bettoni à Christian Constantin. «J’ai essayé de le décourager, mais ça n’a pas marché, rigole-t-il. Mais il a le caractère d’un numéro un. Il aime les défis, il aime la difficulté. Il sait parfaitement où il vient, il a une idée très claire du contexte sédunois, il en connaît tous les aspects.» Autrement dit, David Bettoni sait pourquoi Sion n’est pas un club comme les autres, et à quel point la vie d’un entraîneur peut y être complexe.
Qu’importe. «Il n’a jamais été numéro 1, mais il a la personnalité pour l’être, est convaincu La Spina. Il sait où il va: il a une approche du jeu technique. Mais c’est avant tout un gros travailleur, un véritable passionné. Nous échangeons beaucoup sur les contenus d’entraînement, sur les besoins d’un joueur, sur les détails. Il est très pointu, très complet. Il a en fait une vision large du rôle de l’entraîneur.» Et notamment de sa dimension psychologique: «Il pourra amener sa patte dans la gestion des joueurs, parce qu’il y a notamment été confronté au Real Madrid.»
Patrick La Spina ne tarit pas d’éloges à l’égard de celui avec lequel il a notamment collaboré dans le cadre de son programme de formation Foot Lab qu’il applique dans les centres Zidane Five Club: «C’est une très belle personne, très loyale et compétente.» Sauf qu’il y a un petit grain de sable dans le portrait qu’il dresse: «David connaît peu le foot suisse, même si ça peut aussi être un avantage, admet le Valaisan. Mais il regardait tout de même un petit peu: nous avons notamment échangé par le passé sur des clubs comme Bâle ou Young Boys. Il avait une idée des équipes.» Il s’en fera peut-être une autre, dès samedi au Wankdorf.