Hockey sur glace: Quatre ans après, le Valais retrouve son derby le plus chaud

30 mars 2019 à la patinoire de Graben. Aux alentours de 19 heures, Remo Giovannini détourne le tir au but de Colin Loeffel et met fin à une finale, entre rivaux, qui a tenu le Valais en haleine pendant deux semaines. Dans la liesse populaire, le HC Sierre décroche sa promotion en Swiss League, six ans après sa faillite. Quant au HCV Martigny, il a dû ronger son frein encore quelques saisons en troisième division.

Quatre ans plus tard, les deux clubs évoluent à nouveau dans la même catégorie de jeu après l'ascension des Bas-Valaisans. Samedi soir à Graben, ils se retrouveront pour la toute première fois. Romain Seydoux (28 ans), attaquant de Martigny, et Nicolas Dozin (30 ans), défenseur de Sierre, font partie des rescapés de 2019. Les deux amis nous racontent, dans la bonne humeur, ce derby si spécial.

Si je vous dis 30 mars 2019, ça vous rappelle quelque chose?

Romain Seydoux (HCV Martigny): «Forcément au dernier match de la fameuse série pour le titre. Une finale perdue reste toujours un mauvais souvenir, encore plus quand tu joues contre ton rival.»

Nicolas Dozin (HC Sierre): «Le titre! Mais je ne fais pas partie des joueurs qui ont inscrit cette date sur leur corps, elle est seulement gravée dans ma mémoire.»

Quels souvenirs vous gardez de ces deux semaines de finale en 2019?

Romain Seydoux: «On a vécu quelque chose de fantastique sur le plan sportif et qui n’arrivera peut-être plus jamais. C’était fou d’avoir des patinoires pleines, avec 4500 personnes à Sierre et 3500 à Martigny, pour de la troisième division. Les gens ne nous parlaient que de ça. Il y avait bien sûr une certaine pression mais c’était plaisant à jouer.

C’était la finale attendue et espérée par tout le canton et l’affrontement a été une très belle publicité pour le hockey valaisan. Il fallait un gagnant, et ce n’était pas nous malheureusement. Le résultat est la seule déception de ces deux semaines et on a mis un peu de temps à le digérer.»

Nicolas Dozin: «Je garde en tête que nous avons vécu une belle finale avec un engouement populaire incroyable autour de ce sport. Tout le canton a suivi passionnément cette finale et ce duel a même dépassé les frontières valaisannes. C’était une expérience incroyable à vivre. J’avais jamais vécu quelque chose d’aussi fort dans ma carrière sportive.

Et à mon avis, c’est un évènement qui sera difficile à surpasser. On a fait le titre et la promotion contre le rival, lors du match décisif et aux tirs au but après avoir été menés jusqu’aux dernières secondes du temps réglementaire. On n’aurait jamais pu imaginer un tel scénario.»

Sierre – Martigny: c’est le derby valaisan le plus important et plus bouillant?

Romain Seydoux: «C’est clairement le derby le plus fou que j’ai vu depuis que je suis arrivé en Valais (2015). Les gens ici sont très fiers de leur ville, de leur club et il est hors de question de perdre contre l’ennemi juré.»

Nicolas Dozin: «Récemment, on a affronté plus souvent Viège, mais toutes les rencontres contre Martigny en 2018-2019 étaient chaudes. L’intensité est toujours plus grande dans un derby, mais c’est que les choses se déroulent proprement sur la glace et hors de la glace pour que l’évènement reste une belle fête de hockey. Ce duel est spécial car il y a cette petite bataille entre le Valais Central et le Bas-Valais.»

Il y a des liens d’amitié entre les deux vestiaires. Est-ce que ça édulcore le derby ou ça le rend encore plus chaud?

Romain Seydoux: «L’atmosphère d’un derby est quand même créée en grande partie par tout ce qu’il y a autour. C’est-à-dire les supporters et les médias. En 2019, je connaissais très bien la plupart des joueurs de Sierre. En tant que sportif, tu ne vises forcément que la victoire, mais c’était une bonne chose que ça reste toujours correct sur la glace. Les effectifs actuels sont différents, donc ce sera un derby «inédit». On a d’ailleurs expliqué à nos nouveaux joueurs ce que cette rivalité signifiait.»

Nicolas Dozin: «C’est vrai que les contingents ont évolué depuis 2019. L'affrontement sera quand même chaud, mais il aura un nouveau visage.»

Vous abordez le match de samedi dans des dynamiques opposées. Quel est l’état d’esprit dans vos équipes actuellement?

Romain Seydoux: «On fait un très bon début de saison, la chance nous a aussi parfois souri. Pour l’instant, on travaille fort et on est récompensés par les résultats. Mais il ne faut pas fuir la réalité, on est le néo-promu et on prend match après match sans jamais se considérer comme le favori. On laisse volontiers ce costume à Sierre pour samedi. D’autant plus qu’il s’est très bien renforcé pendant l’été en se construisant une grosse équipe sur le papier. Tout peut arriver dans un derby et on s’attend à ce que notre adversaire arrive avec une grande envie.»

Nicolas Dozin: «On attend cette partie afin de pouvoir se relancer par rapport à nos derniers résultats. On doit créer une nouvelle dynamique dès le match de samedi. En revanche, je ne sais pas si on peut dire qu’on porte le costume de favori. On l’a peut-être car on joue dans cette ligue depuis plus longtemps, mais c’est à nous de prouver sur la glace qu’on le mérite.»

Tant Sierre (2 victoires contre Viège) que Martigny (1 succès face à Viège) sont invaincus dans les rencontres cantonales cette saison. Pourquoi est-ce que vous allez gagner samedi?

Romain Seydoux: «Même si on n’est plus que deux survivants de la finale de 2019, on a vraiment à cœur de prendre notre revanche une bonne fois pour toutes.»

Nicolas Dozin: «Parce qu’on a la volonté d’entamer une spirale positive. On est prêts physiquement et mentalement pour le faire et c’est l’opportunité idéale pour le faire. Et aussi parce que le Valais est rouge et jaune!»

Romain Seydoux: «Regarde la couleur du drapeau valaisan, il est rouge et blanc.»

Une question plus légère pour conclure: est-ce que vous avez un dernier message à vous faire passer avant le jour J?

Romain Seydoux: «Nico prépare-toi parce que je vais arriver fort pour te mettre quelques charges et que ça sera un peu plus dur pour toi qu’au inline (ndlr: les deux sont aussi adversaires dans ce sport).»

Nicolas Dozin: «Déjà, je suis très content que tu aies enfin l’opportunité de jouer en Swiss League. J’espère que tu n’as pas perdu ses mains de magicien, mais tu as aussi intérêt à être prêt.»