Bande dessinéeCes Vikings vont vous faire mourir, mais de rire
Les féroces guerriers dépeints par Lupano et Ohazar sont surtout de gros maladroits, pas très futés, dont les épouses n’espèrent pas un rapide retour. Nous si.
- par
- Michel Pralong
Les Vikings sont à la mode ces temps. Et tous ceux qui ont vu les séries «Vikings» et «The Last Kingdom» ou joué à «Assassin’s Creed: Valhalla» savent qu’on ne rigolait pas trop en ce temps-là et que les haches étaient souvent utilisées pour mettre un terme aux discussions. Pour autant qu’elles aient commencé. Il faut dire qu’aimer boire dans le crâne de son ennemi et penser que le paradis ne s’acquiert que les armes à la main et qu’on se retrouvera alors à participer à un banquet éternel entre guerriers n’incite pas à la délicatesse.
Les Vikings imaginés par Lupano et Ohazar ont les mêmes aspirations. Mais ils peinent un peu à piller, saccager, massacrer et violer correctement. Parce que ce sont de gros maladroits, balourds, pas très futés, même s’ils ont parfois tendance à trop réfléchir au lieu de fracasser un crâne à coups de hache.
Cette succession de gags en six cases est une brillante réussite, drôle jusqu’au bout, sans faiblir. On commence avec les femmes, qui se désespèrent d’avance des cochonneries que leurs hommes vont ramener des pillages: «C’est peut-être ça le plus grand péril qui menace notre peuple: les hommes qui font les courses tout seuls». Puis nos valeureux guerriers s’échouent lamentablement avant de foirer tous leurs pillages.
Wilfrid Lupano confirme ses qualités de bon scénariste, lui à qui l’on doit, parmi tant de titres, «Les vieux fourneaux», «Sarkozix» ou le récent et brillant «La bibliomule de Cordoue». Le dessinateur qui signe sous le pseudo de Ohazar n’est autre que Rodolphe Lupano, frère de l’autre. Un joli trait lisible et efficace qui n’est pas sans rappeler le Larcenet veine humoristique.
«Vikings dans la brume» est une réussite qui fait penser à «Norsemen», série comique norvégienne dans laquelle les Vikings aussi étaient de sacrés abrutis. Reste à espérer un deuxième tome, tout aussi drôle que ce premier.